Colloque Symphonia : bravo les agriculteurs ! [par Yann Kerveno]

Ancien patron de l’école d’agriculture d’Angers, Bruno Parmentier a arpenté les défis de demain lors du colloque Symphonia organisé par Arterris.

Bruno Parmentier aurait pu faire une carrière dans le stand up, sans nul doute. Parce qu’il en faut du talent pour brosser, comme il l’a fait mercredi 20 septembre, un portrait aussi complet des enjeux auxquels l’agriculture doit aujourd’hui faire face. C’était lors du colloque Symphonia organisé pour la deuxième année par le groupe coopératif Arterris. Pour camper le décor, il commençait par faire un peu d’histoire. En rappelant combien l’agriculture et les agriculteurs avaient été performants depuis qu’ils existent et plus particulièrement au XXe siècle. Siècle durant lequel ils sont parvenus à assumer que la population passe de 2 à 8 milliards d’humains sans quasi-avoir besoin de plus de surfaces à cultiver.

Et sans que la frange de la population souffrant de la faim ne progresse. “C’est très étonnant de voir qu’il y a 70 ans, 850 millions de personnes se demandaient comment elles allaient bien pouvoir manger et ce chiffre reste peu ou prou le même aujourd’hui…” Il poursuivait sur cette question en dressant le tableau de nos temps modernes. “Aujourd’hui donc, nous avons 850 millions de personnes qui souffrent de la faim, un milliard qui ne dispose pas d’une alimentation suffisamment variée pour garantir leur bonne santé et 1,7 milliard qui mange trop, dont 900 millions qui en sont malades…”

Grands défis

Si la situation ne s’est pas dégradée expliquait-il ensuite, c’est que si la population a été multipliée par 2,6 entre 1961 et 2020, la production de blé a été multipliée par 3,4, celle du riz par 3,5, celle du maïs par 5,7, celle des légumes par 5,8, celle des fruits par 4,4, celle des œufs par 6,2, celle de la viande bovine par 4,7, celle de la viande de porc par 4,4 et celle de la volaille par… 14,9 ! Grâce à la “Révolution verte” initiée par Norman Borlaug dont l’Agri vous a brièvement raconté l’histoire cet été.

Et maintenant ? La population devrait se stabiliser autour de 10,5 milliards d’individus au tournant du siècle estime-t-il et le défi reste tout aussi majeur que le précédent. “Il va falloir nourrir 2,5 milliards de personnes en plus dans un contexte rendu plus difficile par le changement climatique. Il est évident que nous ne pourrons pas, dans les pays occidentaux, conserver les mêmes régimes, bien trop riches” résumait-il. Avant de préciser, qu’il faudra arrêter de gaspiller comme nous le faisons, 1,3 million de tonnes d’aliments chaque année et s’appuyer sur toutes les technologies pour continuer à produire sur une planète plus chaude et capter du carbone. “Les agriculteurs sont une des causes du changement climatique, mais ils sont aussi une partie de la solution !”

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