Viticulture : sortez les couverts [par Yann Kerveno]

Pour restaurer les sols mais aussi pour qu’ils conservent mieux l’humidité, les vignerons des Pyrénées-Orientales adaptent la technique des couverts végétaux dans les rangs en dépit de la difficulté de l’exercice.

Depuis une douzaine d’années, des vignerons des Pyrénées-Orientales expérimentent l’implantation de couverts jusqu’à fonder, avec le Civam Bio, un groupement d’intérêt économique et écologique. “Aujourd’hui, après cinq ans de suivi, nous sommes parvenus à une certaine maîtrise de la technique” résume Nicolas Dubreuil, technicien du Civam Bio.
Il résume ensuite ce que les vignerons ont à y gagner… “Le premier intérêt, c’est de pouvoir enrichir le sol en matière organique, sur une année on peut apporter entre une et deux tonnes de matière organique dans ces sols qui sont globalement pauvres.” Le deuxième intérêt concerne la “verticalité des sols” ajoute-t-il. “En s’implantant, les racines décompactent les sols et en améliorent la structure. Ensuite, puisque les sols sont couverts, cela permet de limiter naturellement l’érosion, à la marge cela permet aussi de mieux contrôler les mauvaises herbes et de mieux conserver l’eau dans le sol, d’apporter de l’azote, l’engrais dont ont besoin les plantes…” Si le bilan est largement en faveur de la technique, même si les résultats peuvent différer selon les années et la climatologique, son implantation reste très délicate.

Délicat

Il faut que les planètes soient alignées, que la pluviométrie soit correcte pour que les plantes puissent s’enraciner et se développer à l’automne et ne pas se rater, ensuite, sur le moment où il faut les détruire pour éviter qu’elles consomment l’eau dont la vigne a besoin pour se développer… Le moment de la destruction s’avère crucial. Il y a là une balance délicate à régler entre les besoins des plantes, la vigne et le couvert, le stade de son développement et sa capacité à relarguer de l’azote dans le sol, les réserves du sol en eau… Mais les retours d’expérience permettent chaque année de préciser les scénarios les plus adaptés.

Et quel type d’espèces implanter ? “L’idée, pour nos terroirs, c’est de mélanger les espèces, entre 5 et 7. On préconise par exemple deux espèces de légumineuses pour la moitié des semences, elles apporteront de l’azote, deux graminées dont le système racinaire va travailler le sol et fera de la paille et deux crucifères, la famille des choux, qui ont un cycle très court et vont faire très vite un volume important de biomasse.” Preuve que l’histoire est en marche, Nicolas Dubreuil conclut : “on peut estimer, à partir de la commande collective de graines que nous effectuons, une cinquantaine de tonnes, que 800 hectares sont conduits de cette manière aujourd’hui dans le département.”

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