IGP : pas d’artichaut du Roussillon [par Yann Kerveno]

Il n’y aura pas d’artichaut du Roussillon cette année. Trop peu de producteurs pour supporter les coûts de la certification.

On ne pourra pas ne pas reconnaître à Ludovic Combacal le verbe haut et l’ancrage profond des convictions. Pourtant, quand on se retrouve en bout de parcelles début février, la déception est présente partout. Cette année, seuls deux producteurs, dont il est, se sont positionnés pour commercialiser des artichauts sous l’IGP artichauts du Roussillon. Trop peu pour subvenir décemment aux frais de certification. Alors on met les mains dans le cambouis. Oui, les artichauts hybrides en motte sont tellement plus faciles à produire, mais quel avenir offrent-ils sur le moyen et le long terme ?

“Basculer en Sambo, c’est se mettre en dépendance d’un seul obtenteur qui peut faire ce qu’il veut avec les prix” explique le producteur de Torreilles qui consacre une douzaine d’hectares aux variétés reconnues par l’IGP sur la vingtaine qu’il produit. “Aujourd’hui, c’est 80 centimes la motte, mais demain, tout aussi bien, c’est un euro cinquante” ajoute-t-il sous-entendant qu’il faudra alors chercher une once de rentabilité.

Fossé

En creux, il y a ce fossé qui sépare les producteurs d’artichauts dans le département. Les nouveaux arrivés, tentés par la rentabilité du Sambo, et ceux qui croient à l’originalité, dans le sens plein du terme. C’est-à-dire la spécificité liée à l’origine. “Si tu fais du Sambo, tu te retrouves sur le même marché que les Espagnols ou les Bretons et la GMS peut faire le pont entre les deux origines sans problème, sans passer par nous” ajoute Ludovic Combacal. Ce qui revient à dire qu’il te faut une bonne combinaison de planètes et de saisons pour passer sans encombre.

Pourquoi alors ne pas parier sur l’origine Roussillon pour voir plus loin se demande-t-il, invitant les producteurs historiques comme les nouveaux entrants par opportunité à se poser la question. Que pèsent en effet 700 hectares, peu ou prou les surfaces emblavées en artichaut cette année en Roussillon sur le marché européen ? “Je ne suis pas là pour protéger l’IGP mais bien la filière des producteurs du Roussillon pour qui l’IGP peut-être un outil. Et pour défendre une des filières de maraîchage qui correspond encore au modèle classique des exploitations de notre département. Si on ne se protège pas collectivement, c’est mort.”

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