Vignobles du monde : les nouvelles du mois d’avril 2021 [par Yann Kerveno]

Freixenet et les vins tranquilles

La marque catalane, rachetée par l’Allemand Henkell, poursuit son développement dans les vins tranquilles. Après avoir lancé une gamme italienne, c’est une gamme de vins espagnols qu’elle lance sur le marché anglais, ce printemps, avec un rosé, un sauvignon blanc et un rioja.

Les ambitions de la Rioja

L’appellation Rioja a rendu public le plan stratégique qu’elle compte déployer au cours des cinq prochaines années. Avec pour objectif de porter les ventes de 2,3 à 3,12 millions d’hectos dont 1,37 à l’export. Ventes qui doivent faire progresser le chiffre d’affaires de 23 % selon le conseil de régulation. Le plan prévoit également le développement de l’œnotourisme avec pour objectif d’attirer 1,3 million de visiteurs en 2025 contre 340 000 l’an passé, mais aussi de faire mieux pour l’environnement en réduisant l’usage des produits phytos de 50 % et l’empreinte carbone du vignoble de 10 %.

Le top 10 espagnol

Avec 850 M € de chiffre d’affaires en 2019, Garcia-Carrion mène, et de loin, le top 10 espagnol devant le Catalan Freixenet (500 M €), Felix Solis Avantis (340 M €) ; suivent le catalan Miguel Torres (257 M €), l’andalou Gonzales Byass (240 M €), puis Codorniu (225 M €), Pernod Ricard Spain (129,9 M €), CNVE (110 M €), Baron de Ley (99,9 M €) et Reserva de la Tierra (94 M €). À elles seules ces dix entreprises pèsent pour plus de la moitié du chiffre d’affaires de la filière viticole espagnole.

Vous avez dit vrac ?

C’est l’Allemagne qui reste le plus important importateur de vins en vrac au monde avec 7,94 millions d’hectos achetés en 2020 pour une facture de 488 M €. Le premier fournisseur des Allemands est l’Italie (2,5 millions d’hectos), devant l’Espagne (2,41 millions d’hectos), la France (780 000 hectos) et l’Afrique du Sud (550 000 hectos). 10 % du vin importé outre-Rhin est ensuite réexporté.

Vous avez dit rouge ?

La question est étrange, mais la réponse ne l’est pas moins. Quelle est la part des cépages rouges dans les différents pays producteurs de vins ? Des chercheurs se sont posé la question et y apportent une réponse avec un classement de 53 pays. Sachez qu’au Cambodge, il n’y a ainsi que des cépages rouges et qu’au Luxembourg ils ne représentent que 9,3 % de la surface. Si l’on regarde les grands pays, ils représentent 65,5 % des surfaces en France, 54 % en Italie, 53,1 % en Espagne, 63,5 % en Australie, 63,9 % aux États-Unis, 62,7 % en Argentine et 69,4 % au Chili. Mais seulement 22,1 % en Nouvelle-Zélande. Et puisqu’on est dans les chiffres, sachez que le vignoble anglais est passé de 1 400 hectares en 2011 à 3 500 hectares en 2020.

Torres se lance dans l’agriculture regénérative

Depuis longtemps engagée dans le combat contre le changement climatique, la famille Torres vient de faire un nouveau pas et va maintenant promouvoir l’agriculture regénérative dans ses vignobles, déjà en bio. Avec pour ambition d’augmenter la biodiversité, restaurer la matière organique et renforcer le rôle de puits de carbone de la vigne. Torres se donne cinq ans pour convertir l’ensemble de ses propriétés (500 hectares de vignes en Pénédès, Priorat, Conca de Barberà et Costers del Segre) à cette nouvelle conduite.

L’Australie va pouvoir reconstituer ses stocks

Pour la troisième campagne consécutive, il s’est consommé plus de vins australiens que le vignoble du pays en a produits. Au cours de cette campagne, vendange 2019, il s’y est produit 11 millions d’hectolitres, 10 % sous la moyenne des dix dernières années pour des ventes égales à un peu plus de 12 millions d’hectos, dont 60 % à l’export. En conséquence, le stock de vins australien n’était, au début de la campagne 2020-2021, que de 1,7 million d’hectos, en repli de 4 % par rapport au début de la campagne précédente. Mais depuis, l’application des taxes chinoises, de 120 à plus de 200 %, et pour cinq ans sur les vins australiens, est passée par là pour quasi interrompre les flux commerciaux vers la Chine dont l’Australie était le premier fournisseur. D’ailleurs, le gouvernement australien envisage de porter le conflit devant l’organisation mondiale du commerce.

Le beau poisson !

L’excellent site américain Wine-Searcher a produit un des plus beaux poissons d’avril du cru 2021. Sous la plume d’Oliver Styles, il annonçait en effet que le gouvernement français, poussé par une décision de justice, allait demander la protection commerciale des noms de cépages, en particulier chardonnay, cabernet sauvignon, pinot noir, syrah et sauvignon blanc dans
un premier temps. Puis probablement picpoul de Pinet, sémillon, malbec ensuite. Réagissant, un vigneron texan s’emportait et demandait que les porte-greffes qui ont permis à la viticulture française de surmonter le phylloxera, soient également protégés de la même manière. Qu’on ne s’y trompe pas, l’avocat français interviewé s’appelait Jean-Philippe Poisson et œuvre pour le cabinet d’avocats Davril. Chapeau pour la créativité !

 

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