Manifestations : « Cela ne changera pas la face du monde »

Toute la journée de vendredi les tracteurs ont sillonné les rues de l’agglomération perpignanaise.

Il y avait un peu de fatigue vendredi soir, sur le coup de 17 heures, devant la Préfecture des Pyrénées-Orientales. Au long d’une journée, voire d’une nuit et d’une journée pour ceux qui avaient pris place jeudi soir au péage sud, il était temps d’écouter les annonces du Premier ministre. En milieu de matinée, avant les blocages, les responsables syndicaux avaient résumé les enjeux de la mobilisation. « Tout le monde, ici, est dans la merde, syndiqué, pas syndiqué, c’est pareil… Il y a les problématiques nationales et celles qui nous sont propres ici, dans les Pyrénées-Orientales » lançait Pierre Hylari, président des Jeunes Agriculteurs des Pyrénées-Orientales. « Nous sommes là pour montrer notre désarroi, on nous emmerde pour travailler, les gens sont excédés » ajoutait Bruno Vila, président de la FDSEA 66, rappelant que le mouvement national était parti de la manifestation de Toulouse organisée par la FRSEA. « On ne veut pas de mesurettes, il nous faut des choses concrètes et des perspectives concrètes ! »

Moins policé, David Drilles prenait ensuite parole : « On en peut plus de se taire, les gens qui se prétendaient nos amis, les OPA créées par le monde agricole qui disent « on est là pour vous aider », aujourd’hui, ils nous mettent la tête sous l’eau. J’en ai marre ! On est en train de crever ! L’État ne nous écoute pas et ceux qui sont nos amis nous enfoncent. Ça suffit les discours, on fout le bordel et on ne s’excusera de rien parce que ce qu’on fait, on le fait pour vous, pour ce département et la France, parce que vous produisez, personne n’est capable de faire aussi bien et aussi bon que vous dans le monde » jetait-il aux manifestants. De longues heures après, devant la préfecture, l’ambiance était donc attentive mais sans grande illusion à l’écoute des annonces du Premier ministre. Alors, l’abandon de la taxe sur le GNR, oui c’est une chose mais « cela ne changera pas la face du monde » entendait-on entre les tracteurs.

Symbole

Le seul motif de satisfaction, finalement, tenait du symbole. C’est la mise « sous autorité du préfet » des agents de l’Office français de la biodiversité (OFB), et c’est peu dire que le reste des mesures n’a guère soulevé l’enthousiasme. Au delà de ces deux points, le Premier ministre a annoncé une série de mesures dont un bon paquet de « simplifications » administratives. Il a promis le versement rapide des aides liées aux calamités climatiques, l’ouverture, le 5 février, du guichet MHE agrémenté d’une enveloppe de 50 M€ et la prise en charge de 90 % des frais vétérinaires, l’accélération du paiement des aides PAC, le renforcement des contrôles de la loi EGAlim, l’ouverture de discussions dans les départements pour la simplification, la mise en place d’un contrôle unique, le raccourcissement des délais d’instruction des installations classées et pour les autorisations de prélèvement d’eau, la fusion des 14 règlements sur la gestion des haies en un seul, la simplification des règles de curage des cours d’eau agricoles et le raccourcissement « drastique » des délais de contentieux sur les questions liées à l’eau…

Mais rien de concret pour le développement de réserves qui font si cruellement besoin ici. Et pour la vigne, il faudra attendre la fin de semaine et les annonces de Marc Fesneau vendredi. C’est bien le contenu de l’enveloppe qui donnera le ton du week-end et de la semaine suivante.

Yann Kerveno

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