Vignes du monde : les nouvelles du mois de mars 2021 [par Yann Kerveno]

Australie : Pernod lorgne-t-il sur le numéro un mondial du vin ?

Le numéro un mondial du vin, Treasury Wine Estate, va-t-il tomber dans l’escarcelle de Pernod-Ricard ? La rumeur court comme le furet de la chanson, en Australie en tout cas. Durement frappé par les taxes chinoises, le groupe australien, propriétaire de Penfolds, a vu ses actions s’envoler suite à la révélation de cette rumeur. Dans le même temps, TWE a vendu quatre marques de vins américaines d’entrée de gamme à The Wine Group pour 100 M$ dans le cadre de sa restructuration.

Italie : forte tension sur les droits de plantation

L’État Italien a accordé 6 722 hectares de plantation de vigne pour l’année 2021 quand la demande portait sur… 64 000 hectares. Si les vignobles du Nord du pays, Vénétie et Frioul ont été les plus gourmands depuis 2016, tirés par le succès du Prosecco, la demande provient maintenant majoritairement d’autres régions plus méridionales, en particulier les Pouilles et la Sicile où les vignobles sont en recul. Mais les vignerons du Nord de l’Italie semblent aussi avoir déployé les mêmes techniques que celle utilisées ces dernières années par certains “vignerons vautours” du Cognac. C’est-à-dire acheter des vignes à bas prix, en Sicile comme ici ils le firent en muscadet ou Roussillon pour les vignerons français et transférer les droits de plantation dans le Nord du pays.

Monde : gros stocks en Espagne

Chaque mois, le broker américain Ciatti dresse un état du monde viticole comme il va. Dans sa dernière livraison, on apprend ainsi que la demande chinoise reprend, à la faveur de l’interruption des flux de vins australiens maintenant surtaxés. Cette reprise de la demande profite au vignoble français, à l’Espagne, l’Italie mais aussi au Chili. Le rapport note aussi que les acheteurs de vracs à l’échelle de la planète sont actifs en Afrique du Sud et en Espagne, pays qui a près de deux récoltes en stock, soit autour de 75 millions d’hectolitres. Si la situation économique “reste difficile à prévoir pour les six à douze prochains mois pour les opérateurs, en raison de la pandémie” note Robert Selby, le patron de Ciatti dans sa synthèse, il relève que la consommation domestique est dynamique en Argentine, Australie, Californie et Italie. En Afrique du Sud, la situation est plus contrastée, la fin de l’interdiction de vendre de l’alcool, survenue au 1er février, n’a pas provoqué une explosion de la demande, tandis que l’Espagne est suspendue aux flux de touristes estivaux pour éponger un peu de ses stocks.

Monde : après la Covid, les taxes… Les containers ?

Si les exportations françaises et européennes reprennent, elles ne sont pas pour autant à l’abri de soucis. Et cette fois, c’est du côté du fret qu’il faut regarder. Pour bien comprendre l’histoire, il faut juste se rappeler que la pandémie de Covid-19 a quasi mis l’économie mondiale à l’arrêt au premier trimestre 2020. Et que, depuis, les flux de containers sont complètement désorganisés. Les containers vides s’entassent dans les ports européens quand il en manque en Chine. Conséquence, le prix du fret augmente et les délais s’allongent, qui viennent compliquer la reprise des exportations vers les pays tiers, dont les États-Unis et la Chine…

Europe : Luis Planas au créneau pour réclamer des aides

Les coopératives viticoles des principaux pays producteurs en Europe ont d’ailleurs tiré la sonnette d’alarme auprès de l’Union européenne sur la question des stocks. Et ce afin que soient mises en place des mesures qui permettent de “faire de la place” avant la récolte 2021 et pour stimuler la consommation. L’Espagne est à l’aube d’une crise de surproduction et c’est son ministre de l’Agriculture, Luis Planas, qui monte au créneau pour réclamer des moyens financiers exceptionnels pour permettre à chaque pays de faire baisser la pression en reconduisant les mesures de l’an dernier, distillation, stockage privé, vendange en vert…

Une catégorie cépages anciens ?

Si les cépages anciens retrouvent dans nos contrées de l’intérêt, en particulier pour l’adaptation à l’évolution du climat, sous d’autres contrées, plus habituées aux cépages mondiaux, c’est une autre histoire. C’est donc pour les sauver ou les protéger que trois professionnels, ayant écumé le monde du vin depuis des décennies, ont décidé de lancer “The old vine conference”. Avec pour but de créer un segment, une catégorie de marché, spécifique pour les vins issus de ces cépages ancestraux… La première édition de cette conférence, qui vient tout juste de se tenir, a rassemblé des vignerons d’Espagne, du Liban, d’Italie, d’Afrique du Sud du Portugal et de Californie… À suivre.

Surveiller l’humidité de ses sols

On le sait les vignerons australiens doivent composer avec une météo pour le moins brutale. Et il convient de piloter l’irrigation avec finesse. Alors, oui, il existe des moyens de suivre les taux d’humidité des sols, avec des sondes enterrées ou des caméras thermiques. Deux solutions qui présentent chacune leur lot de contraintes. Les chercheurs de l’université d’Australie du Sud et le Baghad’s Middle technical Université ont donc planché et mis au point un nouveau système basé sur un appareil photo numérique de base connecté à une intelligence artificielle, un réseau artificiel de neurones plus exactement, qui va apprendre à reconnaître les niveaux d’humidité dans le sol à la seule couleur de celui-ci.

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