Guara : à la conquête du monde depuis Prades [par Yann Kerveno]

Solange Lacou a créé Guara et installé sa marque dans le paysage en trois ans.

Installée dans la pépinière Inici, à Prades, la jeune marque Guara compte bien conquérir le monde. À l’origine de cette aventure, il y a un couple. Solange Lacou, la boss, a passé une partie de sa vie professionnelle dans l’industrie du textile. Son mari, Jérôme, est lui accompagnateur en montagne, spéléologue et guide de canyoning. Et il râle souvent en rentrant du boulot que les combinaisons ne sont pas adaptées à cette pratique. Tout en estimant qu’il doit y avoir moyen de faire mieux. Plus solide. Plus agréable à porter. Guara est à la confluence des deux personnalités.
“J’ai souvent demandé à Solange que nous nous penchions sur cette question des combinaisons” explique Jérôme. C’est en 2017 et à l’occasion d’un changement de vie de Solange, qu’ils se lancent et créent leur première combinaison. Au cours de cette première année, la combinaison est testée partout en France, dans les canyons des Alpes et des Pyrénées. Des modifications sont apportées au modèle à l’aide de tous les retours qui leur sont faits lors de ces mois de tests. “Nous avons donc pu sortir la première combinaison en 2018 et commencé à faire de la publicité. Elle a tout de suite été bien perçue et nous avons continué à l’améliorer. Ce qui est important pour nous, au-delà de proposer des combinaisons parfaitement adaptées à la pratique du canyoning, c’est d’être à l’écoute de nos clients” enchaîne Solange.

2 000 combis

Aujourd’hui, la marque existe. Un peu plus de 2 000 combinaisons griffées Guara ont été expédiées vers une clientèle séduite. “Il y a très peu d’opérateurs sur ce marché : une autre marque française qui n’a pas fait évoluer ses produits depuis des lustres et Décathlon pour le premier prix” précise-t-elle. La place à prendre, ils s’en sont donc emparés en mettant l’expérience de Jérôme à profit. “Je suis allé chercher un tissu spécial, renforcé avec des fibres en kevlar, qui n’avait jamais été employé dans ce cadre pour rendre les combinaisons moins sensibles à la déchirure dans les endroits les plus fragiles. Et aussi plus confortable, plus facile à enfiler. Nous avons aussi trouvé une solution pour limiter l’usure due au frottement du baudrier sur le néoprène…” Ils ont aussi créé un atelier de réparation pour les combinaisons fatiguées, sans se limiter aux combinaisons à leur marque.
Et les projets ne manquent pas. Après avoir décliné leur savoir-faire dans de nouveaux modèles, un modèle femme, un modèle intégral, un modèle rafting, ils espèrent un jour pouvoir aussi ouvrir un atelier en Conflent entre Nohèdes, où ils vivent, et Prades où est basée l’entreprise pour le moment. “Pour l’instant nos combinaisons sont fabriquées à l’étranger, parce que personne ne fait cela en France, mais nous espérons pouvoir ouvrir un atelier ici afin de produire des combinaisons sur mesure” ajoute-t-elle. Ils ont d’ailleurs monté un dossier Pass Occitanie pour avancer sur ce projet. “Avec la crise, la pépinière Inici nous a autorisés à rester deux ans de plus dans ces locaux, cela fait un sujet de moins à penser et c’est très appréciable, nous pouvons continuer d’avancer.”

Marché mondial

Pour l’instant, la vente de leurs produits s’effectue en direct ou par une poignée de distributeurs, principalement en France et en Espagne, mais aussi en Suisse et à 80 % auprès d’une clientèle de professionnels. “Le canyoning est à la base une pratique très française qui a bien pris pied en Espagne parce qu’ils ont des spots incroyables aussi. Mais, comme en France, il y a peu de spécialistes des combinaisons en Espagne, la place est presque libre” poursuit Jérôme. Ils expédient déjà leurs combinaisons depuis Prades vers la Réunion, mais aussi la Nouvelle-Zélande, les États-Unis, deux pays qu’ils estiment dotés d’un très fort potentiel de développement. Bref, ce ne sont pas les projets qui manquent et, comme pour beaucoup d’entreprises, la crise du Covid, en venant bloquer les activités de groupe en extérieur, a un peu freiné le développement. “En 2020 nous n’avons pas pu aller sur les salons, pour 2021 on ne sait pas, nous ne pouvons pas aller non plus voir nos distributeurs à Barcelone par exemple, ou en démarcher de nouveaux, ça nous manque” regrette Solange. Mais cela ne les empêche pas de se projeter, ils réfléchissent à recruter un étudiant en alternance pour venir en appui de leur développement et en attendant de retrouver toute latitude pour bouger !

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