Terrassous : “Répondre à la demande environnementale” [par Yann Kerveno]

Pour Patrick Mauran, président de la cave de Terrassous, la crise de la Covid oblige à se réinventer.

Comme les autres caves du département, Terrassous a fait le gros dos depuis le début de la crise de la Covid. Et semble parvenue à avoir limité la casse. “Du côté de notre filiale, qui met les vins en bouteille et les commercialise, nous sommes arrivés à ne rien perdre ou presque, les résultats sont stables. Alors oui, les ventes bouteilles ont baissé, notre vente directe caveau a reculé de 10 % environ, mais nous avons progressé en grande distribution et profité du développement du bag in box, qui est déjà un de nos piliers” explique Patrick Mauran. Pour le marché du vrac, les choses ont été plus complexes. “Il y a plus d’attentisme, le manque de perspectives claires quant à l’avenir fait hésiter les acheteurs. Pour l’instant les retiraisons sont en repli de 8 % par rapport à l’an dernier.”
Point positif de ces derniers mois, la cave a réussi à vendre tous ses muscats secs et développé des vins à fort degré pour expédier aux États-Unis, où ils se sont bien vendus. “Mais ça, c’était avant les taxes Trump et leur élargissement aux vins à plus de 14°, c’est un marché de niche qui s’est refermé depuis.” Avec l’aide de la distillation, la campagne en cours se déroule sans surstocks, à l’exception de quelques hectolitres de rouge. “Si on fait le bilan de l’année, comme tout le monde nous avons beaucoup perdu pendant les deux confinements mais les mois suivants ont permis de gommer ces creux” résume Patrick Mauran.

Et les appellations ?

Pour autant, pas question de s’endormir sur ces frêles lauriers. La cave continue de parier sur l’avenir. “Nous avons maintenant 70 % de notre vignoble certifié haute valeur environnementale, nous réfléchissons à un projet collectif autour du bio, parce que la demande va en ce sens, nous le voyons avec nos acheteurs…” La cave a aussi programmé des investissements, autour de 800 000 euros, pour son chai de Terrats et espère pouvoir reprendre ses activités œnotouristiques. “Mais pour l’instant c’est délicat de prévoir quoi que ce soit, si la jauge d’accueil du public change tous les 15 jours, c’est très compliqué. Cela nous oblige à nous réinventer, on ne peut pas se permettre d’attendre.”
Quand on lui demande comment il voit les prochaines années sur le marché du vin, Patrick Mauran revient sur la question environnementale, parce-qu’elle est très présente aujourd’hui dans la demande des acheteurs. Il s’interroge aussi sur les appellations, se demande si elles sont encore réellement pertinentes auprès des consommateurs. “Ce que nous constatons aujourd’hui, c’est que nous vendons, sur le marché du vrac, des IGP plus cher que des AOP. Il faut voir aussi le succès de notre cuvée « la petite bête » assemblage d’un cépage « nouveau » le marselan et de syrah. Je ne suis pas sûr que les consommateurs aujourd’hui tiennent autant aux appellations – et c’est normal que nous classions les appellations – que le monde viticole.”

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