Viandes : que chacun prenne sa part [par Yann Kerveno]

Les éleveurs des Pyrénées-Orientales demandent à l’ensemble de la filière de faire un geste pour les aider à absorber la hausse de leur coût de production.

Après la manifestation du 31 janvier à Perpignan, le monde de l’élevage en a remis une couche au cours d’une conférence de presse tenue ce 1er février à Saint-Jean Pla de Cors. C’est toute la filière locale qui était présente pour faire part de ses doléances. “Comme tout le monde nous sommes confrontés à une augmentation importante de nos charges, que ce soit pour nos investissements, l’énergie ou les fourrages” plaidait Tony Baurès, président de la Coopérative catalane des éleveurs. L’éleveur du Fenouillèdes Jean-Louis Regné précisait en outre que “les éleveurs des Pyrénées-Orientales ont toujours fait le choix de produire avec des ressources locales, en valorisant le territoire par le pastoralisme, en gérant les parcours et les estives, en ouvrant les milieux et donc en n’ayant que peu de recours à des intrants.” Mais aujourd’hui, compte tenu de la conjoncture et en dépit de la capacité de résistance économique du système “la situation est devenue insupportable” ajoutait-il. La facture est en effet salée, “les augmentations de prix sont de l’ordre de 30 %, voire plus, que ce soit pour le gas-oil, les matériaux comme le bois ou l’acier et même les céréales et les fourrages” précisait Mathieu Maury, éleveur de brebis à Mantet. Ramenés aux animaux, les surcoûts étaient ensuite estimés par Bernard Guasch, “cela doit atteindre 25 euros pour un agneau, 20 à 40 euros pour un porc, 150 à 200 euros pour une vache…”

“Ils ont besoin de nos produits”

Tony Baurès, président de la Coopérative catalane des éleveurs

Bernard Guasch ajoutait ensuite que localement, les bêtes ont toujours été payées un peu plus cher que le cours moyen enregistré ailleurs en France, en particulier dans les différentes démarches de qualité engagées sur les différentes espèces (Tirabuxo pour le porc, Xaï pour l’agneau, Vedell, Rosée et Fleuron pour les bovins, toutes marques également déclinées en bio). La demande de la filière c’est donc aujourd’hui que les prix de vente soient ajustés à chaque étage pour absorber cette augmentation des coûts de productions. “Il faut que chaque intermédiaire fasse un effort, parce que ce n’est pas au consommateur de supporter seul cette revalorisation” plaidait encore Tony Baurès. La grande distribution prête-t-elle une oreille attentive à cette revendication ? “Nous en parlons avec eux dans les négociations depuis un mois” poursuivait Bernard Guash “et les discussions sont intéressantes…” Ce d’autant que la loi EGAlim 2, quoique imparfaite, est venue border un peu le cadre des négociations. “Je suis surpris, les consommateurs sont toujours là, ils consomment un peu moins de viande c’est vrai, mois souvent en tout cas, mais ils consomment de la viande de meilleure qualité” expliquait l’industriel, “et les distributeurs ont besoin de nos produits locaux et de qualité. Maintenant il faut que tout le monde se serre un peu la vis pour passer cette période difficile.”

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