Une nouvelle ombrière sur vigne dans les P.-O. [par Yann Kerveno]

Sun’Agri a inauguré à la mi-juillet sa deuxième installation agrivoltaïque sur vigne dans les Pyrénées-Orientales. C’est en Salanque sur les terres du domaine de Besombes.

“C’est un projet que nous avons lancé en 2019 et dont les travaux ont débuté l’année dernière” explique Damien de Besombes, propriétaire du domaine éponyme déployé sur une soixantaine d’hectares et trois sites tout en bio, entre la Salanque, la vallée de l’Agly et Camélas. “Si notre domaine est dans la famille depuis 1760, j’essaye toujours de combiner l’innovation, la modernité et la tradition, c’est un peu ce qui m’a guidé pour développer ce projet avec Sun’Agri” ajoute le vigneron. Au total, la nouvelle installation de Claira est développée sur une ancienne friche de 2,7 hectares, plantés sous ombrière, et 40 ares de vignes témoins qui permettront d’évaluer l’efficacité. “La vigne est plantée un peu différemment de ce que nous faisons d’habitude, en 2,25 mètres par un mètre quand le témoin a, lui, été planté en 2,5 par un.” Et la vigne est plantée dans le sens Nord – Sud.

Sauvignon blanc, cinsault…

L’encépagement retenu n’est pas anodin non plus. “Nous n’avons pas encore de référence pour le sauvignon blanc ou le cinsault” précise Cécile Magherini, directrice générale de Sun’Agri. Un besoin qui recoupe celui de l’exploitation viticole. “Le marché est en train de basculer sur les blancs et les rosés et nous n’en avons jamais assez, c’était donc logique de planter des cépages permettant de produire ce type de vins. En plus, le cinsault est un cépage moins fragile face à la flavescence dorée” ajoute Damien de Besombes qui attend du “confort”. “Ce qui m’intéresse dans cette histoire, c’est de mettre le vignoble dans de bonnes conditions pour produire, que la vigne puisse s’épanouir en étant moins exposée aux coups de chaud en particulier et puisse mieux tirer parti de l’irrigation.”

Nouvelle génération

Qu’a de différent cette installation par rapport à celle mise en place voici plusieurs années au Domaine de Nidolère à Tresserres ? “C’est la génération suivante de matériel et de conception” précise Cécile Magherini. “Les vignes ne sont pas plantées de la même façon, nous avons tiré les leçons des erreurs commises sur la première installation qui obligeait, par exemple, à vendanger une partie à la main faute de pouvoir mécaniser à cause des poteaux. Là, tout a été pensé pour le travail de la vigne. En plus, nous disposons de moteurs et de vérins plus performants pour manœuvrer les panneaux. Ceux-ci ont aussi évolué, ils sont maintenant dotés d’un fond transparent pour capter le rayonnement du sol pour la production d’énergie. Et pour ce qui est de l’intelligence artificielle qui pilote l’ensemble, elle bénéficie de l’expérience acquise sur nos autres sites partout en France, nous en avons 17 aujourd’hui.”

2,70 M €

L’investissement s’élève à 2,70 M € pour les 2,7 hectares et une puissance installée de 2,7 MW crête. Comme pour les autres installations, le financement s’effectue par la vente d’électricité. Damien de Besombes n’a pas souhaité intégrer la société créée à cette occasion comme c’est souvent le cas dans les projets de Sun’Agri.
“Moi, ce qui m’intéresse, c’est le bénéfice que je peux en tirer sur la vigne” explique le vigneron. “Par contre, j’ai été aidé financièrement pour la plantation et les systèmes à mettre en place comme le palissage adapté à la taille rase de précision ou encore l’irrigation.” Tout étant en place, il n’y a plus qu’à laisser pousser !


Ombrières : panneaux des opposants dans les aspresSun’Agri a d’autres projets dans le département, chez Pierre Battle sur une serre multichapelle, du côté de Ponteilla aussi pour un premier projet sur agrumes, dans les Aspres… Les panneaux érigés en bord de route pour dénoncer justement l’emprise de la production d’énergie solaire sur le paysage préfigurent-ils de difficultés à implanter de nouvelles installations ? “Non, je ne pense pas” analyse encore Cécile Magherini. “Mais c’est vrai que c’est un sujet sensible dans les Pyrénées-Orientales, parce qu’il y a eu beaucoup de développement dans les années 2010. Les syndicats, la Chambre d’agriculture sont vigilants. Et cette vigilance, qui veut qu’aucune terre agricole ne soit accaparée par les énergéticiens, est d’autant plus grande que la loi récente permet d’accélérer justement le développement de ce type de projets et que nous sommes en train de passer de la phase d’expérimentation à celle du déploiement. Mais nous viendrons dans les Aspres à la rentrée pour expliquer ce que nous voulons faire.”

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