Un sur cinq [par Dorothée Boyer Paillard]

Un sur cinq, c’est le nombre d’enfants victimes de pédocriminalité selon le Conseil de l’Europe : “Près d’un enfant sur cinq est victime de violence sexuelle en Europe. Ceci concerne des attouchements sexuels, des viols, des harcèlements et agressions sexuelles, de l’exhibitionnisme, l’exploitation sous forme de prostitution et de pornographie, du chantage et des extorsions sexuelles en ligne…” Un sur cinq c’est aussi l’excellent documentaire de Karl Zéro que je vous invite à visionner par Internet via les plateformes dédiées. Ce reportage a fait l’objet de critiques par certains journalistes quant à l’insuffisance de preuves sur certains évènements pédocriminels relatés. Nous nous garderons bien de prendre position dessus outre que de demander : ont-ils seulement eux aussi ces preuves contraires et ont-ils fait un véritable travail journalistique documenté ? Au-delà des polémiques, ce qui est essentiel à retenir est que la parole de l’enfant a toujours été minimisée, surtout dans ces affaires.

Le silence médiatico-politique est très lourd de sens, comme celui qui a été caché pour l’affaire Duhamel et tant d’autres. Où était la sphère médiatico-politico-pseudo intellectuelle gravitant autour de cette famille pour dénoncer le crime ? Le cynisme a été poussé à ce que la messe du dimanche 24 octobre diffusée sur le service public soit célébrée par un prêtre condamné pour atteinte sexuelle. Lequel avait appelé à prier pour les victimes de l’Église catholique… En plein rapport Sauvé…

Deux sur dix…

Le Huffington Post publie en octobre que 5,4 millions d’enfants en France depuis 1950 seraient victimes de pédocriminalité, chiffre minimisé. L’humain, l’humanité est pitoyable. Elle nous fait croire à des histoires d’amour entre un jeune de 15 ans et sa professeure, sans contrainte et pression, même pas celle de l’emprise psychologique de l’adulte sur le gamin concerné et sans séquelles à terme. Elle nous rend sourd et aveugle à la souffrance de l’autre, à celle des enfants innocents qui ont simplement demandé de croire encore en la magie enfantine.

J’avais écrit, en février 2016, une chronique intitulée “Les 10 000”, m’interrogeant sur le sort des mineurs migrants isolés disparus des radars de l’Union européenne. Depuis 2018 ils ne seraient pas moins de 18 500 mioches disparus. Où sont passés ces gamins ? Près de 30 000 gamins depuis 2016 ? Une ville comme un tiers de Perpignan… Dans quels circuits ont-ils été entrainés, si ce n’est, entre autres, dans le crime, la mendicité, la pédocriminalité ou encore dans la revente des organes au marché noir… Mais les médias se taisent. On justifie l’injustifiable en rejetant la faute sur le gamin. Et nous nous aveuglons dans notre silence. Nous nous rendons sourds à toute souffrance.
Un sur cinq n’est que l’apparence de la manifestation de l’horreur qui passe sous un silence glacial ce que des mômes subissent encore et toujours. Deux sur dix, ce sont les yeux de ces gamins qui cachent bien des secrets, enfouis ou vivaces qui ont brisé à tout jamais leurs innocences.

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