Un p’tit air qui “vaurien” (Par Karo et Didoo)

C’est vrai que pour cette fois-ci, nous manquions un peu d’inspiration, ou alors nous en avions trop, trop mais pas ici, pas là, pas au présent. Pour nous, la chanson est un art, mineur ou majeur, on s’en fiche, mais il y a de la musique, des textes porteurs de message ou de poésie, mais aussi un arrangement qui s’étend de la variété à l’art lyrique. C’est dans ce contexte là que nous sommes partis faire une exploration de ce qui s’appelle “le rap”. Pour mieux situer ce phénomène sociétal va suivre le nom des auteurs interprètes suivi de citations extraites de leurs chansons.

Booba : “Arme à la main, je sors du toit ouvrant”, “Le rap est une chatte, j’ai la queue dedans”, avec dans le refrain “Sur le rain-té à midi, je baisais la juge mon alibi”. Dans “Kalash” (le titre est prometteur) “la République me suce le tuyau, Monsieur l’agent, je t’enfonce le triangle, Sevran et le gilet fluo”, “Je me sens comme dans la chatte à ta mère”… Mais il vous manque “5G”, “J’m’en bats les couilles en vrai”, “je mets le Pape et Nabilla sur l’même tableau”, “ces enculés”, “Moi, tes proverbes j’m’en bats les couilles”… à l’infini ou pire.

Ninho : “To bimi libanda pour trouver les euros, pour finir likolo, tout en haut du tableau” (quand tu as traduit, tu me téléphones), “Je-je n’vais pas travailler pour de l’argent, mais je ne travaillerais pas pour rien” (faut nous traduire, comprend rien du tout), “C’est nous deux ou bien rien jusqu’à la fin, hey, y’a trop d’jaloux, trop d’requins dans le grand bain” (on approche de l’asile), “Elle est so clean so fresh so hlel, et j’ai plus frôlé la mort que l’amour” (dommage, il l’a juste frôlé).

Niska : “Balle dans la tête, tu t’retrouves à terre”, “J’m’en bats les lles-coui”, “Shit dans l’bloc avec mes négros”, “Fume un skunk, fume un skunk, j’suis dans la planque je roule un blunt”, “Va niquer ta grand-mère – Fais péter le bénèf’ de bénèf’ – Des tonnes de billets verts”, “j’deviens assassin – Levrette, cuni’, rotation, ça va finir en pension”… Baudelaire come back !

Jul : “J’les baise” (72 fois dans le texte, Guiness !!!), et de fait, j’ai rien trouvé chez lui, les textes sont creux, ordinaires, d’une banalité affligeante, sauf peut-être quand il dit “Cette routine m’abîme – On est fait d’or et de platine – Dans la merde on patine”, là on sait qu’il s’y est enlisé.

Comment en sommes-nous arrivés là ?

SCH, mélange de franglais hasbeen, de ragot, de vocable type racaille du 9.3 mixé 13 (BdR), “J’ai passé toute la night à compter mon oseille – J’t’emmènerais n’importe où cette life me mène”, “Han, Squadra Azzura, que la bûche et la pura, multirécidiviste (ah) – S’brouncha dans le 4×4, demi-tour devant les bleus – Campione del mundo, Cîroc red berry, Hermès, côté maroquinerie”. “Disque est platinum, full sept, aluminium – Vers là, ça coupe à la lactose, baby, plus rien n’est gratos”. Montaigne et La Boétie in the same package…

J’en ai lu des textes et des textes, et tout a la même odeur, la drogue sous toutes ses formes, le sexe bien crade, la femme objet, la maman et la putain dans le même corps et surtout avec des gros nichons, ne pas travailler mais gagner du pognon avec les trafics en tout genre, niquer la police, l’État et tout ce qui peut avoir un rapport avec l’autorité, l’ordre et le social. Le pire peut-être, c’est le fait que ces “ratés” se prennent pour des caïds, que ces “moins que rien” s’accordent un statut de leader, c’est affligeant.

Comment en sommes-nous arrivés là, comment peut-on produire ça, pourquoi des radios diffusent ça, pourquoi c’est programmé, pourquoi nos enfants, petits-enfants écoutent ce déchet musical, comment a-t-on pu en arriver là ? 
La haine, le sexisme et la violence pour racketter des adolescents en quête d’identité, comment a-t-on pu laisser faire ça ?

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