Tomates : le Maroc en force [par Yann Kerveno]
On aurait pu croire que la crise de l’énergie allait bouleverser le marché de la tomate en décalant les productions du Nord de l’Europe. Mais si la menace n’est pas écartée, c’est le Maroc qui pèse pour l’instant…
“Aujourd’hui, ce qui nous pose problème ce sont les tomates cerises du Maroc vendues en conditionnement de 250 grammes à 0,99 € la barquette” explique Yann Le Cunff, de l’AOPn Tomate. Cela pose deux problèmes résume-t-il ensuite : “le premier, c’est que les surfaces plantées ont été sensiblement augmentées au Maroc donc l’offre est accrue, mais aussi parce que les distributeurs français tardent à basculer sur les tomates cerises origine France alors que nous sommes entrés en campagne.”
Le hic, comme toujours, c’est le prix. Les tomates origine France arrivent en rayon en moyenne deux fois plus chères que leurs concurrentes marocaines… “Dans le contexte d’inflation que nous connaissons, cet attrait des distributeurs pour le prix est fortement accru et vient s’ajouter aux différentes stratégies des enseignes…” Le tout dans un climat toujours aussi délétère de guerre des prix. Et les Pays-Bas dont on pouvait craindre une concurrence décalée ?
80 hectares au lieu de 600
“Pour l’instant, c’est un peu l’inconnue. Ce sont des concurrents essentiellement sur le segment de la tomate grappe qui est moins bataillé que celui de la tomate cerise. Mais nous savons qu’au lieu de 600 hectares, seulement 80 ont été plantés cet hiver mais depuis, c’est l’omerta la plus totale” ajoute-t-il. “La seule chose que nous savons, c’est que les Hollandais sont très touchés par le virus de la tomate et que cela entrave beaucoup leur campagne, mais rien de plus. Il faudra attendre avril et mai pour en savoir plus sur leur potentiel.”
Et l’Espagne ? “Il sont en concurrence avec nous sur les gros fruits et cette année, pour la première fois depuis cinq ou six ans, alors qu’ils étaient sur une tendance au repli des surfaces, ils ont planté un peu plus. Mais les producteurs espagnols ont eu des soucis avec la météo, le froid en particulier…” Des conditions qui les empêcheront peut-être de réaliser leur potentiel ? En tout cas, l’offre française entend bien réagir sur la tomate cerise avec, très prochainement en rayon, un positionnement à 99 centimes en barquettes de 200 grammes pour être compétitif.