Saison 2023 : premiers bilans, premières pistes (partie 3) [par Yann Kerveno]

Après les immenses craintes du printemps, les vergers des Pyrénées-Orientales sont parvenus à passer en partie au travers de la catastrophe. Quelles leçons tirer depuis les vergers ?

Un peu comme dans la chanson de Brel, on aura vu cette année fleurir à la mi-novembre des vergers éreintés par une année sèche. Quelles sont les conclusions tirées par les arboriculteurs soumis à des restrictions d’arrosage sans précédent ? “Alors je crois que tout d’abord, il faut être clair, les situations sont complètement différentes selon les zones. Je parlerai pour ceux qui ont eu de l’eau pour les vergers, mais nous n’oublions pas ceux qui n’ont rien eu et sont en train de couper les arbres” précise d’emblée David Massot. “Mais globalement, les arbres se sont bien adaptés, nous avons réussi avec le peu d’eau dont nous avons bénéficié.” Patrick Bolfa (Réart Vallée) explique qu’il a privilégié le rendement. “Nous avons arrosé pendant les périodes critiques pour perdre le moins possible en rendement, en respectant les règles à – 25 %. Mais dès que ma récolte était finie, là, on limitait vraiment les apports d’eau, on est descendu à – 60 % pour nous concentrer sur les vergers en production.” Quitte à obérer le potentiel de l’année prochaine. “Je ne sais pas comment les arbres vont réagir, c’est la première fois que nous vivons cela.”

De la chance

Au CTIFL, Baptiste Labeyrie n’est pas vraiment inquiet : “C’est une bonne tactique de couper l’eau après la récolte parce que c’est naturellement là où les incidences sur l’année suivante sont les plus limitées.” David Massot est du même avis : “Je ne pense pas. En règle générale, le stress est plutôt bénéfique pour la production de fruit l’année suivante.” En attendant, tous reconnaissent que le boulet n’est pas passé loin ! “C’est vrai, on a eu de la chance” résume pour sa part Jean-François Not (Ille Fruits) “parce que les orages de juin qui ont permis de remplir le barrage de Vinça nous ont sauvé la mise. Cela met clairement en question la gestion du barrage mais nous sommes en novembre et nous n’avons rien vu venir de la renégociation qui avait été évoquée au printemps, puis cet été…”

Pour Jean-Pierre Bails (La Melba) il faudra aussi revoir, rapidement, les conditions d’irrigation. “On se rend compte aujourd’hui qu’il nous faudrait de l’eau plutôt en saison au lieu de commencer la saison d’irrigation le premier avril, quand les prix de l’électricité reviennent à des niveaux acceptables. Cette irrigation précoce a beaucoup manqué aux amandiers cette année.” Pour compenser l’absence de pluies hivernales et la sécheresse profonde des sols.

Aller plus loin

“Mais nous avons aussi probablement à aller plus loin, que les sondes soient déployées massivement dans les vergers et que nous soyons en mesure d’irriguer aux moments clés des besoins de la plante pour obtenir et le rendement et la qualité” poursuit Jean-Pierre Bails. Et Patrick Bolfa de résumer ce que tout le monde exprime. “Cette année a été difficile, on a perdu en calibre et donc en volumes, mais on a su gérer. Par contre, si ça dure…” Maintenant il faut que l’automne enclenche la baisse des températures pour que les arbres perdent les feuilles, puissent entrer en dormance. Et qu’il pleuve et neige.

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