La Chambre d’agriculture au cœur des territoires

Loin de se cantonner au conseil technique agricole et à l’accompagnement des filières, la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales s’impose aujourd’hui comme un acteur à part entière de l’aménagement du territoire. Et comme le rouage capable d’aider les collectivités à mieux appréhender et sauvegarder leurs espaces agricoles.

“Tout est beaucoup plus transversal aujourd’hui, avec la forte implication du Département, en charge depuis 2005 de l’aménagement foncier, des communautés de communes, des communes, qui sont concernées par les problématiques qui étaient jusqu’à maintenant les nôtres” explique Alain Halma, directeur adjoint de la Chambre d’agriculture et chef du service Territoires – Eau – Environnement. “Nous sommes là pour aider les acteurs de la transition, les filières et les nombreux acteurs qui interviennent sur les questions qui touchent de près ou de loin aux questions agricoles, le foncier, l’eau…”

Plusieurs sujets reviennent sur la table : le développement des friches agricoles, le recul du nombre d’agriculteurs, l’installation des non issus du monde agricole en forte demande depuis l’épisode Covid et qui passent spontanément par les communes plutôt que par les canaux habituels. Ce débordement de l’agriculture dans des sphères nouvelles a du bon d’ailleurs. “En général, cela va dans le bon sens et nos compétences, notre expertise, peuvent accompagner, guider des actions bénéfiques. Nous essayons d’être à l’écoute.”

“On obtient des résultats”

La Chambre d’agriculture est ainsi déjà intervenue sur plusieurs territoires pour apporter des solutions aux problèmes soulevés par les collectivités. À Saint-Hippolyte, quand il s’est agi de lutter contre les friches qui occupaient 50 à 60 % de la surface de la commune. “Nous avons réalisé un diagnostic, ciblé les acteurs à mobiliser, fait émerger les actions à mettre en place, l’animation foncière, les procédures de terres incultes. Sur les secteurs à fort potentiel agricole aussi, comme sur l’aval de Villeneuve de la Raho, en ciblant des ilots à forts enjeux et aidé à optimiser le réseau d’irrigation ou bien la production de fourrage sur les zones littorales. Quand on y passe du temps, on obtient des résultats !”

La ville de Perpignan a aussi sollicité la Chambre d’agriculture pour mieux comprendre et préserver son tissu agricole, définir des îlots à protéger… Mais le rôle de la Chambre peut aussi endosser d’autres costumes, comme celui du médiateur qui aide à mettre en cohérence les visions parfois décalées de différents acteurs d’un même territoire. Preuve que l’agriculture est plus que jamais insérée dans la société et prise en compte à la fois comme créateur de valeur et outil d’aménagement du territoire. C’est le cas par exemple à Tresserre, petite commune des Aspres. Pour Michel Thiriet, son maire, il y avait une forme d’urgence à agir pour ne pas laisser les friches et leur cortège de malédictions prendre plus d’ampleur sur la commune.

Forêt, PPAM…

“C’est la façon dont nous envisageons notre rôle en tant qu’élus qui nous pousse à prendre en compte l’ensemble du territoire et pas seulement la centralité urbaine, les habitants qui nous ont poussés à agir. Nous avons donc mobilisé un atelier de territoire proposé par le ministère de la Transition écologique pour mener une réflexion participative. De là, nous nous sommes demandé ce que nous pouvions faire pour remobiliser le foncier pour limiter la progression des friches qui est ici un vrai motif d’inquiétude” explique-t-il. Deux pistes ont alors émergé de ce travail : la forêt et les plantes médicinales, aromatiques et à parfum, plus connues sous l’acronyme PPAM. “Ce sont pour nous et les vignerons qui s’engagent des moyens de diversifier les activités jusqu’ici consacrées à la monoculture de la vigne. Après mise en concurrence, c’est la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales qui a été chargée de mettre tout ceci en musique”. Avec l’appui de fonds européens.

Passé la période d’études et de diagnostic, notamment l’étude des friches pour en évaluer le potentiel, les vignerons, ils sont une poignée à s’être montrés intéressés, se sont lancés dans les formations qui leur permettront de maîtriser ces nouvelles cultures. Puis viendra le temps des plantations, de la structuration de cette petite filière, de l’ouverture aussi, peut-être, à des porteurs de projets non-agriculteurs, ou à des agriculteurs des communes voisines… “Il est difficile de dire aujourd’hui combien d’hectares ce projet va concerner, mais c’est un moyen de se battre contre le recul de la vigne et de l’activité économique liée qui frappe ce département” ajoute Michel Thiriet. “Et nous aurons participé à la protection du territoire contre l’appétit des friches.”


Protéger l’écrin agricole de Céret

La commune de Céret a fait appel à plusieurs reprises aux compétences de la Chambre d’agriculture pour faire vivre son territoire agricole. Il y a d’abord eu l’établissement du PAEN, il porte sur plus de 300 ha pour sanctuariser les espaces agricoles et naturels, puis pour une action de lutte contre les friches. “Ces deux actions sont complémentaires, on lutte également contre les friches hors du PAEN” précise Paul Mignon, directeur général des services de la ville, “la Chambre d’agriculture a à la fois la technicité, la connaissance du terrain mais aussi des mentalités pour mener à bien ce genre de tâche. Faire comprendre aux propriétaires que les terres non cultivées perdent de leur valeur ou surmonter les antagonismes entre modes de production…” Ces travaux entrent dans la politique de la commune comme le socle d’une ambition plus vaste, celle de préserver l’écrin agricole de la ville, d’irriguer le marché du samedi, couru des cantons alentour… “Si l’agriculture reste une affaire d’agriculteurs, c’est à nous de faire en sorte que l’environnement des exploitations soit le plus favorable possible au développement de l’économie.”

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