Parce que rien n’est jamais simple (sem. 46-2023) [par Yann Kerveno]

Peut mieux faire !

On parle souveraineté alimentaire sans trop savoir d’où on part. Et si la souveraineté n’est pas que l’autosuffisance, cette étude d’Agrex Consulting est assez parlante puisqu’on y trouve, résumé en un tableau, les taux d’auto-approvisionnements en fruits et légumes des grands pays européens. Si l’Espagne et l’Italie sont largement dans le haut du panier avec des taux allant de 80 à plus de 90 %, voir 100 %, la situation est loin d’être aussi favorable en France.
Nous sommes ainsi très dépendants en poivron (19 % de la conso produite en France), en framboise (15 %), en kiwi (33 %), en raisin de table (30 %). C’est un peu mieux du côté de la tomate, de la courgette ou de l’aubergine, respectivement 58, 45 et 39 %. C’est moyen pour les pêches nectarines, 54 %, mieux pour l’abricot 75 %, le concombre 72 %. Seuls la pomme, le poireau et l’oignon dépassent les 80 % avec un taux d’auto-approvisionnement, respectivement, de 85, 94 et 81 %.

Farm Bill en rade

Les négociations n’avancent guère aux États-Unis pour élaborer ce que sera le prochain Farm Bill encadrant l’agriculture pour 5 ans. L’ancien est arrivé à échéance le 30 septembre dernier et devant les difficultés à trouver un accord bipartisan (entre Républicains et Démocrates, chaque camp accusant l’autre d’être responsable de l’impossibilité à avancer), des voix s’élèvent maintenant pour prolonger d’un an le cadre actuel et donner du “temps au temps” pour négocier cette enveloppe de plusieurs centaines de millions de dollars. Une telle décision pourrait être intégrée au vote de la prochaine loi de finance qui doit intervenir avant le 17 novembre.

Pervers

On ne l’avait pas vu venir, mais la décapitalisation du cheptel bovin à l’œuvre pourrait avoir un effet pervers et néfaste sur la qualité de l’eau. En effet, la disparition des vaches entraîne celle des surfaces enherbées, devenues inutiles économiquement et converties en cultures. Pour autant, “toutes les zones ne seront pas concernées de la même manière” prévient Patrick Durant dans Web-Agri. “La qualité de l’eau pourrait s’améliorer dans les zones de montagnes, mais pourrait se dégrader fortement dans les zones où les prairies inclues à des rotations sont remplacées par des cultures annuelles.”

Tout aussi pervers

Vous avez peut-être vu passer cette histoire un peu folle d’un couple de youtubeurs anglais qui est allé faire ses courses en Pologne en avion pour faire des… économies. De quoi souligner l’absurdité du système dans lequel nous vivons (ou le rôle des distributeurs ?). Les deux youtubeurs ont rempli un caddie chez Lidl à Londres, 135 produits, pour 188,77 euros. Puis ils se sont rendus à Poznan, en Pologne, pour remplir le même caddie. Qui leur est revenu à 111,05 euros. Tellement rentable que la différence couvre le billet d’avion aller-retour, une nuit sur place et faire une quinzaine d’euros de bénéfice.

Emplettes

De son côté, le géant américain de la viande de porc, Smithfield Foods, aux mains du groupe chinois WH Group, est revenu en Europe pour casser sa tirelire en devenant l’actionnaire majoritaire du groupe espagnol Argal Alimentation, spécialiste de la charcuterie, qui réalise 440 M € de chiffre d’affaires. Smithfield a acquis la majorité des actions, 50,1 % du capital de l’entreprise, avec l’intention de renforcer ses positions sur le marché international. L’entreprise espagnole est déjà présente dans 30 pays. Le montant de la transaction n’a pas été rendu public.

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