Raymond Vilalta : le rêve accompli du meunier paysan [par Thierry Masdéu]

Il était une fois un petit garçon du Capcir qui voulait devenir paysan céréalier et dont les parents fermiers ont tout fait pour l’en dérouter, l’incitant à opter pour une carrière de fonctionnaire. Il s’exécute, pour leur faire plaisir, et passera 25 années de sa vie aux services de la Direction départementale de l’équipement. Mais l’attirance pour la culture des céréales est trop forte et, profitant de ses jours de repos, il continue à apporter son aide à la ferme familiale. Un prétexte aussi pour, en cachette des parents, emprunter le tracteur afin de labourer, semer, récolter et vendre les blés qu’il cultive en toute discrétion sur des parcelles du voisinage, prises en fermage et tenues sous secret. Cette histoire, c’est celle de Raymond Vilalta, ce petit garçon de Formiguères, féru de machinisme agricole, qui depuis une vingtaine d’années exerce enfin sa passion sur une exploitation de 80 hectares et vit pleinement son rêve. Une rencontre à la ferme “Da Dabant” d’un paysan céréalier, producteur de patates et éleveur de chevaux, qui est aussi devenu meunier…

Comment avez-vous vécu cette reprise de l’exploitation agricole de vos parents ?
C’était comme une renaissance, cela a été pour moi comme un retour en arrière, un nouveau départ ! Encore aujourd’hui il me semble que j’ai 20 ans, alors que j’en ai 61 au compteur et que j’ai toute la vie devant moi, avec toujours cette envie de créer des activités liées aux métiers de l’agriculture !

Moulin à farine de la ferme Da Davant.

Comme celle de la culture des céréales ? 
Oui, depuis toujours elle me fascine et, sur 25 hectares, je cultive parfois un peu de seigle, d’épeautre, mais surtout des blés de force comme l’Adesso, l’Émilio, le Lukullus et en particulier des variétés anciennes avec le Barbu du Roussillon et le Petkus. Ces blés d’antan sont d’ailleurs très prisés par quelques boulangers passionnés, établis en plaine, qui en apprécient les propriétés qualitatives et gustatives dans la farine produite.

Y a-t-il un avantage à produire des blés en altitude plutôt qu’en plaine ?
Absolument, le terroir et le climat façonnent la plante et apportent aux grains de blés des arômes et couleurs beaucoup plus prononcés. J’en ai fait le constat avec des semences de blé produites à Castelnaudary que j’ai semées en Capcir. Le résultat après la moisson est surprenant, ce n’est plus du tout le même blé ! L’explication est simple, une fois plantée, la semence doit arriver jusqu’au bout, c’est à dire jusqu’à l’épiaison, mais en montagne, avec un climat plus rude, la pousse est souvent ralentie, en pause. Et pendant ce laps de temps, la plante, au lieu de faire du rendement, va développer pour les grains toutes ses propriétés.

Cette culture de blés en Capcir est-elle une activité rentable ?
En elle seule non, à 120 € la tonne il faut obligatoirement la valoriser ! Je moissonne en moyenne entre 30 et 35 tonnes de blés par an et les rendements ne représentent que 25 à 30 quintaux l’hectare. D’autant qu’il faut tenir compte des cervidés qui pâturent souvent dans les champs ! Un fléau que j’essaye de limiter en cultivant en priorité des céréales qui font de la barbe, ce qui les gêne dans leur consommation. La rentabilité s’obtient grâce à la vente de farine que je produis avec le moulin installé dans la ferme et les rendements sont de l’ordre de 500 kg de farine produite par tonne de blé.

Pain de campagne au levain fabriqué avec la farine du blé Barbu du Roussillon.

Vous ne destinez la farine qu’aux professionnels ?
Non, elle est accessible à toute clientèle, et les conditionnements disponibles sont par sacs de 2 kg, 5 kg et 25 kg, avec une tarification respective de 5 €, 10 € et 40 €, et ce, quelque soit les types de forces qui vont de la T65 à la T170, en passant par la T80, T110 et T140. Le seul regret que j’éprouve c’est que les artisans boulangers de la zone du Capcir et de la Cerdagne ne jouent pas assez le jeu en utilisant mes farines naturelles.

Envisagez-vous une nouvelle approche pour valoriser vos farines ? 
Effectivement, pour la clientèle touristique qui visite le moulin à farine de la ferme, j’ai en projet, dès l’été prochain, de proposer à la vente des pains de campagnes au levain conçus avec mes farines et cuits sur place. Cette attraction qui est aussi tendance, me permettra avec ce produit d’appel qu’est le pain, de vendre davantage de farine et par la même occasion ma production de patates aussi !

Une diversification indispensable que Raymond Vilalta envisage prometteuse, afin de continuer à exercer avec sérénité son rêve d’enfant, la culture de céréales en Capcir.

Contact : Raymond Vilalta “La Ferme Da Davant” – Tél. : 04 68 04 43 65 – 06 09 05 59 19

Une réflexion sur “Raymond Vilalta : le rêve accompli du meunier paysan [par Thierry Masdéu]

  • 27 octobre 2024 à 12 h 50 min
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    Bonjour je peux prendre cette farine pour faire mes gâteaux merci cordialement

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