Parce que rien n’est jamais simple #30 [par Yann Kerveno]

Des bananes et des cendres

Dans l’île de Palma, aux Canaries, secouée par l’éruption du volcan Cumbre Vieja depuis près de deux mois, l’armée est venue en renfort des agriculteurs. Ce sont en effet des bateaux militaires qui ont ramené les planteurs de bananes jusqu’à leur exploitation dans les enclaves heureusement épargnées par la lave et ce, après que les autorités sanitaires ont levé toute contrainte à leur commercialisation, malgré les cendres.

Soldats du climat

Est-ce cette information qui a inspiré le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie pour la tribune qu’il a livrée aux Échos la semaine passée ? On ne le sait, mais il use de la métaphore pour parler des agriculteurs comme des “soldats du climat”, par la capacité que l’agriculture a de stocker du carbone dans les sols de manière très efficace. Au Brésil, après des semaines de débat, le gouvernement vient d’autoriser la mise en culture du blé HB4 qui a l’intéressante particularité d’être fort résistant à la sécheresse et aux coups de chaud. Comme le fait remarquer un agriculteur du Nord de la France, ce blé, OGM, qui a été mis au point en Argentine par l’entreprise Bioceres, (filiale du groupe français Florimont-Desprez) apporte 10 % de rendements supplémentaires en grain sur un tiers des essais réalisés.

Chacun son combat

Pendant ce temps-là, sous nos latitudes, les faucheurs volontaires poursuivent leur œuvre destructrice en toute impunité. Ils s’en sont encore pris à l’entreprise RAGT où ils ont détruit, en les mélangeant à de la semence de maïs, sept tonnes de semences de tournesol d’une variété rendue tolérante aux herbicides dont ils contestent la légalité de la culture. Ces variétés sont au cœur des débats liés à la révision du règlement OGM à laquelle procède l’Union européenne en ce moment parce qu’elles sont issues de mutagénèse. Alors que l’État est toujours accusé de ne rien faire pour faire appliquer la loi et que le Conseil d’État a demandé de nouvelles précisions à la cour européenne de justice.

Agro quoi ?

Il faudra compter dans ces débats sur l’intervention d’un nouveau collectif, le Pacte de pouvoir vivre, rien de moins, qui rassemble 64 personnes “représentatives” voulant œuvrer à un changement de modèle. Et qui, bien entendu, sans compter aucun représentant de l’agriculture mais force défenseurs de la nature (FNE, FNH…) s’exprime sur l’agriculture en prônant, on n’est pas à une connerie près, qu’il faut développer une fiscalité propre aux engrais azotés et sur les pesticides dont les bénéfices seraient “fléchés vers les agriculteurs en agro-écologie.” On leur dit ? L’agroécologie n’est nullement un système qui se passe d’engrais et de pesticides (d’ailleurs même la bio ne peut faire sans), mais plutôt un changement d’approche. Comme quoi, ce sont toujours ceux qui en connaissent le moins qui en parlent le plus mal.
On peut aussi parler de la fameuse loi sur la séparation du conseil et de la vente des produits phytos, il avait été annoncé que ce serait difficile à mettre en œuvre. Et vous savez quoi, ces prophéties de mauvais augure semblent se réaliser selon Ouest-France qui a remarqué des “contournements de la loi par les entreprises” et la lenteur du démarrage du conseil stratégique. Rien n’est décidément simple.

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