Quand, pour une amourette, Leny passait par là… [par Karo et Didoo]

Leny Escudero est né en Espagne de parents républicains fuyant le franquisme en 1939 et se réfugiant en France, dans la Mayenne. Il y passera son enfance et son adolescence, puis partira vivre à Paris où il exercera des petits boulots, n’étant pas encore naturalisé.
En 1960, il s’installera à Perpignan (avenue de la Côte Vermeille) et se fera connaître du grand public par cette chanson “Pour une amourette” que chacun/chacune fredonne déjà ! Mais il poursuivra sa route pour découvrir le monde, d’autres pays, d’autres paysages, d’autres peuples et cultures et reviendra en France avec des chansons à thèmes, parfois tendres mais aussi engagées et surtout visionnaires… Écoutez “La planète des fous” de 1977.

Ce troubadour aura su nous émerveiller par sa voix particulière, chaleureuse. Son style lui a permis de jouer dans des films et séries, mais il est toujours resté humble et a su faire partager cette bonté !
Leny garde, auprès de personnes qui ne l’ont pas vu, sans doute dû à son refus de “faire l’artiste”, un incroyable capital sympathie. Il n’en voudra jamais à ceux qui l’associeront à cette balade d’adolescent qui porte en germe, sans le savoir, l’œuvre singulière d’une vie, “Pour une amourette” (1962), qui nous résume son credo : l’amour, c’est la vie ; le temps, c’est la mort. “Une petite amourette / Un jour reviendra / Te tourner la tête / Te tendre les bras / Chanter la romance / Du rêve joli / Et je sais d’avance / Que tu diras oui / Alors les amours / Pour toi refleuriront”. Il nous met en garde contre ce temps qui passe dans cette chanson de 1965, “Le passé”, où il nous prévient : “Le passé / C’est comme un fil de soi / Que souvent l’on parcourt / C’est la vie à rebours / Qui file sous nos doigts / Le passé c’est l’orchestre perdu / Qui jouait notre vie / En une symphonie / Que l’on n’entendra plus”.

Ses textes sans concession gagnent un public croissant, on en voit la couleur dans “Y’a pas d’âge”, en 1967 où il dénonce “Il faut suivre le troupeau / Il faut accepter son lot / Il faut prendre le métro / Pour apprendre le chagrin / Au tout début du matin / Au fond des yeux des gens / C’est là que la tendresse est morte”… C’était il y a 50 ans ou aujourd’hui ? Il faudra noter (encore une fois) le parti-pris de l’entre-soi politiquement correct d’un métier (le journalisme) aussi aveugle après 1971, qu’il fut sourd avant 1962.

Intensité émotionnelle

70-80 fut sa période de créativité la plus féconde dont voici deux passages. Le premier, extrait de la chanson “Le silence” (1973) où Escudero jette une lumière nuancée sur le naufrage du couple “Tout ne peut s’oublier en gardant le silence / Il faut que nous parlions avant toute rupture / Il faut que nous sachions pourquoi la déchirure / Si tu as oublié la couleur des mots tendres / Écoute, je suis prêt à te les réapprendre / Mais toi tu ne dis rien”. Et le second, extrait de “Van Gogh” (1971), où il range la folie derrière l’émotion pour nous faire entrevoir la douleur du peintre “Quand t’as vu ton premier sermon / Tu n’as pas pensé au pardon / Mais tu as pensé à la croix / Qu’on porte la dernière fois / Quand sur tes bras et sur ton dos / Viendront s’abattre les corbeaux / Et c’est comme ça qu’on devient fou”.

Du néo-romantique du début, il évolue vers une forme d’anarco-humanisme au fil des chansons et des textes sans concession. Et c’est avec la force de la scène, où sa voix prenante, son intensité émotionnelle empreinte de rigueur et de sincérité touchent au plus profond, que Leny Escudero aura trouvé son public. Inoubliable artiste qui ne manquera pas de nous titiller le cœur à la faveur du prochain rayon de soleil ou de quelque amourette !

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