Quand l’éleveur montre qu’il faut tuer des loups, la ministre ne voit pas qu’il veut sauver son troupeau !

Bérangère Abba, secrétaire d’État chargée de la biodiversité demande l’ouverture d’une enquête suite au communiqué du 2 décembre d’un responsable syndical de la Haute Vienne et maintenant d’un responsable syndical de la Creuse qui lance un appel de détresse en invitant les éleveurs à utiliser tous les moyens létaux pour éviter les attaques sur leur troupeau.

Il est compréhensible que toute personne éloignée de la réalité puisse être choquée par la radicalité du propos, mais connaître la face cachée des loups permet de mesurer l’ampleur du désarroi qui conduit le monde de l’élevage, abandonné par le ministère de l’Agriculture et méprisé par le ministère de l’Écologie, à tenir ce discours.
Depuis 30 ans, l’État sait parfaitement que sans prédateur naturel, les loups ne peuvent que proliférer. Aucune solution efficace malgré la multiplication des obligations n’a été proposée aux éleveurs pour sauvegarder leurs troupeaux. Comme une volonté à peine cachée de voir disparaître éleveurs et troupeaux sans souci du bien-être animal. Ceux qui diligentent une enquête suite à ces déclarations savent très bien que plus de 12 000 animaux d’élevage sont tués chaque année, chiffre officiel. Ils ne peuvent ignorer que les mesures de protection, si elles limitent les dégâts, sont très loin d’être suffisantes puisque 92 % des troupeaux attaqués dans les Alpes sont des troupeaux protégés. Ils savent aussi très bien que les éleveurs sont au bout du rouleau dans ce dossier.

La réalité dans les campagnes aujourd’hui, ce sont des loups de plus en plus nombreux, sur tous les territoires et leur cortège d’attaques sur les troupeaux d’animaux domestiques. Alors comment ne pas être en colère quand l’État propose aux éleveurs de la Creuse des tirs d’effarouchement, en d’autres termes, envoyer les loups chez les voisins !
Oui les loups sont protégés, même surprotégés, et c’est une aberration au regard des massacres qu’ils causent et de leur croissance exponentielle. Mais de quels loups parlons-nous ? Des loups purs ou des hybrides dont l’OFB a enfin fini par reconnaître la présence ? La frontière entre hybride et loup pur n’étant pas clairement définie, le rapport commun du Conseil général de l’environnement et du Conseil général de l’alimentation (CGEDD 012414-1 et CGAAER 18097) demande que cela soit établi, mais l’État, sans surprise, n’a toujours pas répondu à cette recommandation. Alors l’appel à détruire ces individus est-il illégal, alors même que la recommandation n° 173 de la convention de Berne demande aux États d’identifier les hybrides pour les éliminer ?

C’est bien l’État, qui par ses manquements endosse la responsabilité d’une situation inacceptable !

Quid de l’article L113 du code rural “Assurer la pérennité des exploitations agricoles et le maintien du pastoralisme, en particulier en protégeant les troupeaux des attaques du loup et de l’ours dans les territoires exposés à ce risque”.
Quid de l’état de nécessité, article 122-7 du code pénal “N’est pas pénalement responsable la personne qui, face à un danger actuel ou imminent qui menace elle-même, autrui ou un bien, accomplit un acte nécessaire à la sauvegarde de la personne ou du bien, sauf s’il y a disproportion entre les moyens employés et la gravité de la menace.”
Quid de la disparition du pâturage qui maintient les paysages ouverts, offrant ainsi une richesse inégalée en biodiversité ?

De 2005 à 2017, la prédation a été multipliée par 6 pendant que les moyens de protection étaient massivement déployés, seul le doublement du quota de prélèvement de loups en 2019 a enfin permis de stabiliser le nombre de victimes, alors que le nombre de loups continue d’augmenter. Alors oui, il faut associer explicitement une présence humaine proche à une menace réelle, les loups doivent apprendre qu’ils se mettent en danger de mort s’ils approchent de trop près les animaux d’élevage. Une trentaine d’études internationales confirment que seuls les tirs permettent de faire baisser la prédation. L’idée fausse que ce serait le contraire fait partie des multiples contre-vérités ressassées par les défenseurs inconditionnels des loups.

Depuis l’arrivée des loups et leur stricte protection entrainant leur prolifération, les éleveurs ont fait preuve d’une adaptabilité professionnelle rare, tentant tout, quitte à modifier leurs pratiques professionnelles en profondeur, pour protéger leurs troupeaux. Aujourd’hui, l’État a davantage le souci de laisser se multiplier les loups que de préserver l’élevage de plein air. Cette politique, qui va à l’encontre du bien-être animal, contraint les éleveurs à exprimer d’une manière forte leur désarroi.

Il est temps que l’État assume ses responsabilités et protège réellement les élevages de plein air !

Collectif Pâturage et Biodiversité

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