Pyrénées-Orientales : la salade et les autres légumes d’hiver, campagne 2022-2023 [par Nicolas Mansouri]

De novembre à début janvier le prix de vente logé départ pour la batavia (espèce de référence) sur le marché du frais flirte avec la moyenne des cinq précédentes saisons (figure 1). Par contre les températures élevées de l’automne occasionnent des pertes avec des salades d’une mauvaise tenue, voire des montées à fleur. À partir de mi-janvier sous des conditions climatiques bien plus fraîches, le marché est dynamique et les prix progressent pour atteindre des niveaux au-dessus de la moyenne quinquennale.
Cotations bataviaQuant au marché de l’industrie, autrement appelé de la 4e gamme, les prix des contrats sont revus à la hausse mais ne corrigent que partiellement les augmentations des intrants.

Le plein champ en perpétuelle évolution

En automne-hiver, on ne peut plus regarder la salade comme la production légumière leader des Pyrénées-Orientales mais comme l’une des composantes d’un assolement maraîcher diversifié. Chaque année et depuis plus de 30 ans, la surface consacrée à la salade diminue. La part du plein champ touche le fond et n’est plus que l’ombre d’elle-même avec à peine 80 ha pour 4,5 millions de pieds (figure 2). Pour mémoire, en 2010, le plein champ pesait 550 ha et plus de 1 000 ha en 2005.

Aussi surprenant que cela paraisse, les aromates frais de plein champ pèsent plus que la salade avec environ 130 ha en surface physique et pas loin du double en surface développée compte-tenu du nombre de rotations et du nombre de coupes par culture.
De son côté, le céleri branche avec environ 60 ha se stabilise après quelques années de doutes, notamment par le retraits de nombreuses spécialités phytosanitaires.
D’autres espèces mises bout à bout ne compensent en hiver que très partiellement la baisse de la salade, comme la gamme des choux (brocoli, verts, pommés et autres romanesco) ainsi que le fenouil, aussi bien en bio qu’en conventionnel.

Le sous abri évolue aussi

La salade sous abri est aussi en baisse chronique mais tire encore son épingle du jeu avec 200 ha en surface développée et 27,5 millions de pieds (figure 3) contre 370 ha en 2010 et 560 ha en 2005.


Le marché hyperconcurrentiel, l’inflation du coût des intrants, des paillages et couvertures plastiques pèsent sur la dynamique de production. La fatigue des sols en monoculture de la salade et l’arrivée ces dernières années de la fusariose n’arrangent pas les choses. Les premières variétés résistantes à la fusariose additionnées aux techniques de régénération des sols comme les engrais verts, les biofumigations et la solarisation maintiennent pour le moment les résultats techniques.

L’une des clés agronomiques de la fatigue des sols est la rotation d’espèces de familles botaniques différentes, mais il est plus facile de le dire que de le faire dans des unités de production formatées aux exigences concurrentielles des circuits longs.
Au final, les doubles à triple rotations de salades sous abris tendent à se contracter au printemps au profit de la pomme de terre primeur et surtout du concombre dont le Roussillon produit aujourd’hui un tiers du tonnage national.

Au fil des années, les aromates frais se taillent une vraie place sous abris avec pas moins d’une trentaine d’ha en surface physique et une surface développée bien plus importante mais difficile à estimer compte-tenu du nombre de rotations et du grand nombre de coupes pour une même culture.

Nicolas Mansouri
Service Fruits et Légumes
Chambre d’agriculture des P.-O.

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