La confusion sexuelle contre l’eudemis : bilan du suivi épidémiologique de l’année [par Christelle Alengry]

La campagne viticole 2021 étant terminée, il est temps de faire le bilan du suivi des îlots confusés. Cet article reprend les points concernant l’animation, le suivi des îlots et les bilans des observations pour les trois générations.

Les pionniers

C’est un peu avant 2010 que la technique s’est vraiment développée en viticulture dans le département des Pyrénées-Orientales. Les expériences des pionniers ont ouvert la voix pour le développement de la technique. C’est en 2011, sur le secteur d’Estagel et Tautavel, que le GDA moyen Agly, avec l’aide de la Chambre d’agriculture, lance une expérimentation collective grandeur nature avec des exploitants de tous horizons (coopérateurs, vignerons indépendants, vignerons conventionnels et vignerons en AB). Au départ, ce sont deux îlots de 45 ha de vignes qui sont confusés pour s’agrandir très vite et passer aux alentours de 220 ha en 2013. Le mode de lutte était alors lancé.
Fort de ce succès, de nombreux groupes d’agriculteurs de notre département et des départements voisins nous ont sollicités pour leur faire part de nos observations et de notre expérience pour mettre en place cette technique.

L’animation des techniciens de la Chambre d’agriculture

Depuis plusieurs années, la Chambre d’agriculture organise sur les secteurs des réunions de présentations de la technique. En 2020, des réunions de bilan et de préparation de la campagne 2021 ont été réalisées dans le département grâce aux fonds d’animation du Conseil départemental et à ceux de la Communauté de communes Corbières Salanque Méditerranée. Lors de ces réunions des contacts ont été pris et des groupes d’agriculteurs se sont fait connaître afin de les accompagner dans le développement de cette technique. À ce jour, et suite à l’animation, on estime à environ 3 500 ha le vignoble confusé contre l’eudémis. On constate que chaque année les surfaces confusées augmentent. À présent, tous les secteurs viticoles du département ont des îlots confusés.

Le suivi

Les secteurs confusés ont été suivis par la Chambre d’agriculture durant la campagne. La coordination de l’animation et du suivi a été assurée par Christelle Alengry, chargée de missions et Julien Thiery, chef du service Viticole. Le département a été découpé en 4 secteurs d’observation avec 1 responsable de secteur pour chacun :
• Les Aspres
– secteur Fourques et Trouillas : Éric Noémie ;
– îlots de la coopérative VSR : Olivier Barberousse.
• La vallée de l’Agly : Christelle Alengry.
• Le littoral : Antoine Cuegniet.
• La Côte Vermeille : Claire Pou.
Sans oublier les techniciens des coopératives et de la distribution avec qui nous avons été en contact pour échanger tout au long de l’année sur la pression des ravageurs.
Sur ces secteurs d’observation, ce sont 32 parcelles témoins confusées ou non qui sont notées chaque semaine par les techniciens de la Chambre d’agriculture.

Le protocole de suivi et l’information

Sur ces 4 grands secteurs d’observations sont choisies 5 à 10 parcelles témoins confusées en plus des parcelles non confusées suivies dans le cadre du BSV. Les comptages de suivi de pression sont réalisés sur chaque parcelle témoin une fois par semaine durant les trois semaines de dépôts de pontes, suivra un comptage de dégâts, et ce à chaque génération. Une liste d’agriculteurs recensés lors de l’animation a été constituée. Elle n’est sûrement pas exhaustive, et permettra de vous informer par mail de l’évolution de la pression dans les secteurs confusés. Si vous ne la recevez pas, vous pouvez contacter l’assistante de service Chantal Bayona pour vous faire ajouter à la liste de diffusion.
Dans la note Terroirs en saison “situation phytosanitaire vigne et stratégies”, sera ajouté un encadré exclusif sur la confusion. L’animation continuera durant l’automne et l’hiver 2021 – 2022 afin de poursuivre le développement de cette méthode de lutte.

Le bulletin

Un bulletin de comptage a été envoyé durant la campagne, pour chaque génération, afin d’informer les exploitants sur la pression dans les secteurs. L’objectif est d’apporter un élément complémentaire d’aide à la décision pour les interventions éventuelles.

Le bilan des observations de la campagne

1re génération
Globalement, la confusion a bien fonctionné dans tous les secteurs en 1re génération. Les dépassements de seuils de 10 % de perforation ont essentiellement eu lieu sur les parcelles non confusées et en particulier les parcelles témoins non confusées LT9 – F4 – TE5 – COP1 – PO3 et LI4. Toutefois, il faut nuancer le propos car il y a toujours des dépassements de seuils sur les parcelles F2 – F3 – TE1 – TE4 et P4 qui sont confusées dans les secteurs de Fourques et Nyls. Les parcelles M4 – TE3 quant à elles avoisinent le seuil de traitement qui je rappelle est de 10 % de pontes viables visibles.
2e génération
Globalement, la confusion a très bien fonctionné dans tous les secteurs en 2e génération. Les dépassements de seuils de 10 % de dépôts de pontes ont essentiellement eu lieu sur les parcelles non confusées et en particulier les parcelles témoins LT9 – TE5 – CIP2 – COP1 – PO3 et LI4 avec des pourcentages de pontes très importants (Ex : COP1 324 % de pontes visibles viables). Toutefois, il faut nuancer le propos car il y a toujours des dépassements de seuils sur la TE3 et N6 qui sont confusées. Néanmoins, il est a noté que la pression de 2e génération s’est accrue par rapport à la 1re génération sur les parcelles non confusées où la pression est très importante.
3e génération
Globalement, la confusion a bien fonctionné dans tous les secteurs en 3e génération. Les dépassements de seuils ont essentiellement eu lieu sur les parcelles non confusées et en particulier les parcelles témoins non confusées COP1, CIP2, Li4 et PO3 avec des taux au-dessus des seuils. Toutefois, il faut nuancer le propos car il y a toujours des dépassements de seuils sur la N6 – la P4 – la Li5 qui sont confusées. La parcelle B8 quant à elle avoisine le seuil de traitement qui je rappelle est de 10 % de pontes viables visibles. Ce qui est a noté c’est que la deuxième génération a été la plus forte en termes de pression. Il faut donc être vigilant sur les 3 générations et en particulier la deuxième.

Conclusion

On peut en conclure que sur les parcelles confusées la pression a bien diminué pour cette campagne et donc la méthode fonctionne bien. Il est nécessaire de confuser plusieurs années avant d’avoir un résultat qui n’oblige pas à intervenir sur l’eudemis. Malgré tout, la pression reste forte sur les parcelles non confusées (traitées de façon conventionnelle).
Les traitements contre la flavescence dorée restent obligatoires sur toutes les parcelles confusées ou non confusées.
Retrouvez l’intégralité de l’article sur le site  de la Chambre d’agriculture

Christelle Alengry
Service Viticulture
Chambre d’agriculture des P.-O.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *