Protection des plantes : des voies différentes [par Yann Kerveno]

L’adaptation au changement climatique impose de faire évoluer les stratégies de conduites de végétaux, avec une constante : la recherche d’efficacité. Lors de sa journée technique du 20 avril, Arterris avait convié deux entreprises porteuses de solutions nouvelles.

La première, la société hollandaise Van Iperen, a mis au point une gamme d’extraits de plantes bio (Plants for Plants) qui permettent d’augmenter de façon substantielle l’absorption de l’eau par les plantes. Et d’en maximiser l’apport, ce qui, en temps de sécheresse, présente un intérêt évident. “Jusqu’à maintenant, les biostimulants présents sur le marché tentent essentiellement de réduire les effets des éléments oxydants en favorisant les antioxydants. Avec nos produits, nous faisons le contraire” explique Zahi Zind, chargé du développement des produits. “On va plutôt permettre à la plante de mieux supporter le stress hydrique pour empêcher ou limiter la production d’oxydants, des défenses naturelles en somme.”

Des tests concluants ont été menés dans les Pyrénées-Orientales et dans l’Aude sur la vigne. Menée sur une syrah des vignobles Jonquères d’Oriola, l’expérience a concerné 1,3 hectare traité trois fois en foliaire à l’été 2021 avec 25 % d’irrigation en moins que la parcelle témoin conduite “comme d’habitude”. Au final, la parcelle traitée a donné 5,01 tonnes de raisins à l’hectare, contre 3,62 pour la parcelle témoin, soit une différence de 38 % ! Et dans les moûts ? Ceux issus de la parcelle traitée présentaient une concentration plus importante en anthocyanes, plus de 100 milligrammes par litre, soit 47 % de plus que pour les moûts de la parcelle traitée pour un taux de Brix identique. En 2022, d’autres essais ont été menés sur des vignobles sans irrigation avec là encore des “résultats très satisfaisants” selon Zahi Zind.

Kaolin

Autre voie pour réduire le stress : protéger les feuilles. C’est ce que présentait Agri Synergie, une entreprise basée à Périgueux, en Dordogne, avec son cœur de kaolin. “Jusqu’ici, on utilisait le kaolin, de l’argile purifiée, broyée, calcinée que nous produisons en Bretagne, pour la protection contre les insectes, les cicadelles pour la vigne, les pucerons en arboriculture, la mouche pour les oliviers… Mais on peut se servir du kaolin pour protéger le feuillage des coups de chaleur” expliquait Patricia Blanc, responsable régionale Sud-Est de l’entreprise. Les tests réalisés montrent que la couverture permet de contenir la température des feuilles quatre degrés en dessous de la température des feuilles non protégées. Et de retarder ainsi le moment ou survient le blocage physiologique des plantes, délétère pour les rendements et la qualité.

“Si le kaolin est appliqué juste avant le coup de chaud, il va agir comme une crème solaire sur notre peau, mais la protection sera plus efficace si l’application s’effectue en anticipation du coup de chaud, une semaine avant… Le kaolin bloque les infrarouges et permet de limiter les coups de chaud mais n’entrave pas la photosynthèse, Avec deux applications de 20 kg à l’hectare, les résultats sont probants.”

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