Présumés coupables (Par Jean-Marc Majeau)

Ni Dupond Moretti, ni Darmanin. Ne bénéficiant d’aucune clémence, nous sommes devenus, en quelques jours, les coupables idéaux, la vermine qui menace l’avenir de la République. Ces salopards, qui, faute d’avoir accepté une vaccination généralisée, risquent de priver de vacances le peuple des bons élèves serviles et courageux qui a eu le courage de prêter un deltoïde musclé, à cette prouesse de la science et de l’économie de marché. Ces enfoirés que vous aviez pourtant applaudis à vous en faire péter la peau des mains, quand ils tombaient au champ de bataille, dépourvus de masques adéquats et revêtus des sacs poubelles obsolètes fournis par les ARS. Ces clowns qui, à l’instar des « liquidateurs » de Tchernobyl, étaient alors les fantassins héroïques du système. Devenus depuis ce 12 Juillet, les nouveaux parias, les pestiférés diffuseurs du variant Delta, nous, « soignants », sommes maintenant la cible de la colère d’un Jupiter toujours en quête de trouver un coupable susceptible de l’exonérer de la moindre faiblesse. Ces « soignants », on les paye ! Il ne manquerait plus qu’ils soient contagieux ! Allez : Zou ! Avant deux mois, « le maitre » l’a dit , 100% d’entre eux seront immunisés. Il va les prendre, de  force si besoin, et leur injecter ce vaccin miracle, afin qu’ils puissent s’occuper des bons citoyens immunisés, élèves assidus et compliants, moteurs de la reprise, ceux qu’il serait injuste de pénaliser! Pour les récalcitrants, ce sera la porte. Sans solde ! Quant aux autres, ceux qui ne sont pas soignants, ceux qui veulent juste se rendre au restaurant, au supermarché ou aux spectacles, ce sera pareil : « tu prends ta dose ou tu restes chez toi ! » Franchement, c’est logique non ? Pourquoi un vacciné devrait-il subir la loi d’un récalcitrant, quand un remède miracle doit permettre de sortir de 18 mois de crise pour reprendre enfin la « vie d’avant » ?

Tant que nous ne nous attaquerons pas à la transmission virale dans les territoires les plus peuplés …

Surtout ne mollis pas, Manu ! Montre leur qui c’est le chef ! On est en France, le pays des lumières. 65 à 68 millions de champions du monde qu’il suffit de piquer pour plier cette affaire, relancer la croissance, réformer les retraites et retrouver les jours heureux des « gilets jaunes » et des LBD ? Sans restriction. Pour devenir les leaders du monde moderne… Comme en football ! Il y a pourtant quelques détails qui me chagrinent. Il s’agit surement d’une inquiétude stupide… cependant, ayant acquis quelques connaissances médicales, je me pose une question : vacciner, de force, l’intégralité d’une population qui représente, en France, 3,5% de la population locale, soit 0,025% de celle de l’humanité, a-t-il la moindre chance de stopper une pandémie planétaire ? En Macronie, je ne sais pas. Mais en virologie, les variants viraux ne sont que la conséquence inévitable de la transmission inter humaine d’un virus. Plus celui-ci circule, plus apparaissent les mutations virales, fruits d’une retranscription imparfaite de celui-ci. Ce qui a été énoncé comme une évidence par le chef de l’état, ne se concevrait que si nous étions seuls au monde. Et enfermés ! Au-delà des discours populistes d’auto satisfaction, il y a une vérité qu’il a omis de préciser : tant que nous ne nous attaquerons pas à la transmission virale dans les territoires les plus peuplés et les plus pauvres de la planète, nous n’aurons aucune chance de stopper la pandémie. Nous n’aurons pas assez des lettres de l’alphabet grec, pour dénommer les virus successifs qui nous menaceront. Après l’Alpha, le Delta, viendront l’Oméga, le Gamma ou l’Epsilon. Clouer au pilori les soignants, vacciner en batterie les horlogers, les vendeurs de ratatine-ordure ou d’écorche-poulets, ne nous empêchera pas de subir l’arrivée de nouvelles souches. Il n’y aurait qu’une attitude raisonnable à proposer : rendre universelle l’utilisation des vaccins pour toute la planète, interdire la spéculation sur leur commercialisation, implanter des usines de fabrication dans ces pays du 1/3 monde et obliger les laboratoires à céder leurs brevets pour « raison supérieure de l’humanité ». Prétendre que la vaccination de 100% des citoyens français nous permettrait d’éteindre la pandémie est, au mieux, la preuve d’une ignorance absolue de la virologie, au pire un mensonge de plus dans la ribambelle de ceux qui nous ont été assénés depuis plus de 18 mois. Et jeter l’opprobre sur ceux qu’on a envoyés, l’an dernier, au combat sans aucune protection, est une faute que les soignants ne vont pas pardonner avant longtemps. Même ceux qui sont vaccinés, dont je fais partie.

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