Philippe Janiot : “l’avo-gneron” de Joch [par Yann Kerveno]

En créant le Domaine Domanova à Joch, Philippe Janiot donne corps à une passion, au prix d’un changement de carrière sur le tard et pour le moins brutal, en devenant “avo-gneron”. Avocat et vigneron à la fois. Rencontre.

Un mot-valise, c’est bien pratique quand on a eu plusieurs vies comme Philippe Janiot. Notaire, puis avocat, il est depuis quelques années maintenant… vigneron. “Mais attention” prévient-il d’emblée, “je ne suis pas un de ces gentlemen farmer, moi j’aime être dans la vigne, la taille, les vendanges, être sur le tracteur.” Quand nous le rencontrons dans son chai entre Vinça et Joch, les vendanges sont achevées et les jus patientent dans la cuverie neuve équipée de froid. Il s’est donné les moyens de bien faire. Les péripéties qui l’ont conduit jusqu’à ces vignes lovées dans le vallon qui relie Rodez à Rigarda pourraient avoir à voir avec les contes de fées. Il y a une dose de passion inextinguible pour le vin mélangée à une touche glamour, une histoire d’amour et une opportunité, des vignes qui se libéraient…

C’est par sa compagne qu’il découvre le Roussillon, à Finestret dont elle est originaire, depuis Aix-en-Provence où, Lillois d’origine, il a installé son cabinet d’avocat. La passion le hante depuis tellement longtemps qu’il a même tenté d’acheter des vignes, sans succès. “J’ai acheté les vignes en 2017 et la première année, durant laquelle je les ai gérées à distance, a été difficile. Je n’avais pas alors trouvé la bonne personne sur place pour s’occuper du vignoble.” Pour s’installer, il s’est remis aux études à 60 ans pour décrocher son BPREA, en cours du soir. “À cet âge-là, on n’a plus vraiment de temps à perdre. Tout le monde me disait, et le dit toujours d’ailleurs, que j’étais fou de me lancer là-dedans” raconte-t-il avec le sourire. Sans compter qu’il convertit les terres en bio dès son arrivée.

En coop, puis en cave particulière

Le temps de cette conversion, il porte les raisins à la cave de Ponteilla, le temps également de trouver un bâtiment et de l’équiper pour vinifier lui-même. Cette année il aura produit entre 300 et 350 hl, 20 à 30 % de moins que le potentiel, avec ces 12 hectares, dont quatre replantés par ses soins, c’est même un peu mieux que l’an passé même si l’année a été compliquée, comme partout ailleurs. “Mais je n’ai pas à me plaindre, mes vignes souffrent un peu moins qu’ailleurs, elles arrivent à conserver un peu d’humidité. Mais la qualité est par contre très belle.”
Sa production est dominée par les rouges, 80 % des volumes, le reste étant produit en blancs et il préfère travailler en monocépage. “C’est ce qui permet de mieux exprimer les spécificités du terroir” explique-t-il. Depuis, il a aménagé un petit caveau pour vendre ses vins et se résout, la mort dans l’âme, à devoir passer plus de temps à cette tâche ingrate mais fondamentale. “Ce que j’ai appris, c’est que lorsqu’on est vigneron, on a trois métiers en fait : la vigne, la vinification, pour laquelle je suis accompagné par Hélène Grau, et le commercial qu’il faut assumer.”

Et le cabinet d’avocat à Aix ? “J’y vais encore en temps en temps, mais je peux dire aujourd’hui que je suis 10 % avocat et 90 % vigneron !” Philoppe Janiot présentera les vins de son domaine, ce week-end, lors du salon des Vignerons Indépendants.

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