Pêches-nectarines : des prévisions toujours imprévisibles ! [par Yann Kerveno]

Moment attendu par les producteurs de pêches et de nectarines de toute l’Europe, la présentation des prévisions de récoltes 2023 a fait plouf.

S’il est bien un problème aujourd’hui pour les producteurs de fruits, c’est l’eau. En Italie, en particulier en Émilie-Romagne, il y en a trop, bien trop. Les inondations ont tué 14 personnes, déplacé des dizaines de milliers d’autres et les vergers ont les pieds dans l’eau depuis plusieurs jours. Une stagnation qui compromet la cueillette de cette année mais aussi la survie des arbres. À l’autre extrémité du spectre, il y a l’Espagne et le Roussillon qui, eux, sont cruellement en manque d’eau et exposés à une sécheresse qui, si elle se combine avec de fortes chaleurs, pourrait se révéler catastrophique sur le moyen terme. Alors quand il s’agit de faire des pronostics pour estimer le volume des récoltes à venir, les correspondants d’Europêch sont restés très prudents. Les chiffres délivrés le 23 mai dernier sont assis sur le potentiel de récolte estimé durant la première quinzaine de mai. Une incitation à tout prendre avec des pincettes et à attendre la mise à jour qui sera effectuée mi-juin.

Épée de Damoclès

En France, la production a pris un peu de retard, 8 jours par rapport à l’an passé mais sans épisode de gel. “Nous vivons sous la menace d’une épée de Damoclès terrible avec la sécheresse, parce qu’une grande partie des bassins de production sont soumis à des restrictions d’irrigation parfois très dures, comme dans les Pyrénées-Orientales. Cette absence d’eau va jouer sur le calibre et le nombre de fruits, l’eau est bien l’enjeu majeur de cette campagne” expliquait Bruno Darnaud, président de l’AOP pêches nectarines abricots de France. Début mai, la France pouvait espérer approcher les 230 000 tonnes, comme l’an passé. En Espagne, c’est l’eau qui fait l’actualité avec deux zones particulièrement affectées, l’Aragon et la Catalogne, les deux principales zones de production, alors que la province de Murcia et le Sud du pays tirent leur épingle du jeu. Pour l’instant et sans préjuger des restrictions d’irrigation qui pourront survenir, les estimations de début mai placent donc l’Espagne à 1,26 million de tonnes, bien mieux que l’année dernière lorsque le gel avait pelé les vergers jusqu’au tronc (+ 52 %) et 8 % au-dessus de la moyenne des cinq dernières années.

Trop d’eau

En Italie, les inondations vont amputer la production sans que l’on sache pour l’instant dans quelle proportion, mais l’Émilie-Romagne, particulièrement touchée, est le deuxième bassin en Italie avec un peu plus de 100 000 tonnes envisagées cette année. Pour le reste, la pluie et le recul régulier des surfaces a un peu réduit le potentiel du Nord du pays. L’Italie doit donc s’en sortir avec une production en recul de 8 % par rapport à 2022 et – 12 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Sans que l’on sache, donc, de ce qu’il en est des pertes liées aux inondations. Enfin, en Grèce, la production est annoncée en recul de 5 % par rapport à l’an passé mais à 16 % de plus que la moyenne des cinq dernières années.

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