Ce qu’il faut retenir cette semaine (21-2023) [par Yann Kerveno]
Expérimentation
C’est impressionnant de voir un camion-citerne déverser de l’eau dans un canal pour soutenir le débit d’une station de pompage. C’est le test réalisé le mardi 23 mai par l’ASA des canaux des Albères avec de l’eau provenant de la station d’épuration de Saint-Cyprien. À raison de trois rotations par jour et trois camions, ce sont près de 300 mètres cubes qui pourraient venir soutenir les réseaux d’irrigation qui couvrent 300 hectares entre Villelongue-Dels-Monts et Saint-Génis des Fontaines. “Nous avons besoin de 5 000 mètres cubes par jour, mais si nous sommes contraints de descendre à 3 000, cela représente 10 % des apports, ce n’est pas négligeable” explique Baptiste Cribeillet, président de l’ASA, qui veut voir plus loin. “Il y a un projet de raccordement de la station d’épuration Communauté de communes des Albères à un kilomètre et demi de notre réseau, les études sont en cours” résume-t-il. Les études sont lancées, les financements sont là, il y en a pour un an. Car pour l’instant, le coût de la recharge par camion a de quoi faire frémir le plus détendu des trésoriers, 900 € par jour et par camion… “Cette opération est un bon moyen de montrer ce qu’on peut faire et de débloquer ce dossier qui génère beaucoup de réticences !”
200 millions d’euros
Si la saison se poursuit sur la base des restrictions d’irrigation actuelle, les pertes pourraient atteindre 200 M € de production agricole brute, soit la moitié de la production agricole brute annuelle du département des P.-O. Des pertes causées par la modestie des calibres de fruits et des rendements entravés par le manque d’eau. “Et ce d’autant que l’irrigation actuelle est bien inférieure aux termes de l’arrêté préfectoral du 9 mai dernier parce qu’il n’y a pas assez d’eau pour alimenter les réseaux” faisait remarquer Alain Halma, directeur adjoint de la Chambre d’agriculture, la semaine passée lors d’une réunion publique consacrée à la sécheresse. Il ajoutait que, complètement privés d’eau, une centaine d’hectares d’abricotiers sont en train de mourir dans la vallée de l’Agly. Ils n’ont plus vu une goutte d’eau depuis le mois d’octobre dernier.
Verre à moitié plein
Conjugaison des récentes pluies, même si elles restent modestes, qui ont affecté le département, la situation des barrages s’est sensiblement améliorée. Le barrage des Bouillouses contient aujourd’hui 10 millions de mètres cubes, il en manque 8 pour qu’il soit plein, le barrage de Vinça contient 14 millions de mètres cubes, il en manque encore 10, le lac de Villeneuve la Raho contient 18 millions de mètres cubes, il en manque 10 et le barrage sur l’Agly, le plus en retard, a accumulé 11 millions de mètres cubes, mais il en manque encore 16.
Du côté des nappes, les niveaux en ce mois de mai sont semblables à ceux de juillet et août de l’année dernière alors que la saison touristique n’a pas encore commencé. 17 piézomètres sur les 22 qui servent à suivre leur niveau sont en situation de crise et la baisse constante du niveau des nappes les plus profondes s’aggrave à cause de l’augmentation des prélèvements destinés à compenser la faiblesse de chargement des nappes de surface.