Pêches et abricots : une saison “sans”

Des cours corrects, un aval jouant le jeu de la production française et un climat, depuis mi-juin, propice à la consommation… Les indicateurs auraient été au vert pour une belle saison en pêches-nectarines et abricots du Roussillon, si ce n’était un problème de taille : le déficit de volumes.
De “faibles volumes”. Voilà qui résume toute la problématique de cette campagne 2018 en abricots. Une situation concernant tout particulièrement les variétés précoces. “Le gel de fin février a été particulièrement fort, avec des températures descendant très bas en Salanque”, explique Éric Hostalnou, chef du service Fruits et légumes à la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales. “À Torreilles par exemple, du – 8°C a été relevé, chose que je ne me souviens pas avoir déjà observée. Les situations sont très disparates : en fonction de l’avancement de la végétation les variétés sont plus ou moins impactées. Ce sont les variétés qui étaient en pleine floraison qui ont souffert.”

Des prix en trompe-l’œil
Ajoutez à cela un mois de mai particulièrement pluvieux, occasionnant des problèmes de tenue de fruits et de pourriture, provoquant beaucoup d’écarts de tri… “Cela a accentué le déficit déjà existant du fait du gel” explique Éric Hostalnou. L’abricot précoce a également souffert sur le marché, dans un contexte de forte pression espagnole sur le début de campagne. Les prix sont remontés en milieu et fin de saison, pour les Rouges du Roussillon et les tardifs, avec des cotations aux alentours des 1,40 – 1,60 € (prix produit conditionné départ Perpignan)… “Mais ce sont des prix en trompe-l’œil”, tempère Éric Hostalnou. “En effet au vu du déficit de l’offre, les chiffres d’affaires sont impactés.”

Pêches-nectarines : un déficit d’offre chronique
En pêche-nectarine, on constate également un manque de volumes (environ – 30 à 40 %)… “Là aussi, les prix sont très corrects, avec, ces jours-ci, des cotations en calibre A à 1,50 – 1,80 €.” Mais, même constat, du fait des écarts de tri et du “déclassement” d’une partie des volumes vers la vente à l’industrie, les rentrées financières ne sont pas à la hauteur. “Le déficit d’offre en pêches-nectarines est chronique. Pourtant, les opérateurs et la grande distribution jouent le jeu en se fournissant prioritairement en production française depuis trois-quatre ans, mais face au manque de volumes ils ont recours aux produits espagnols.” Les prix, même s’ils sont corrects cette année, ne peuvent pas non plus briser de plafond de verre pour compenser le déficit d’offre.

Prendre en compte le critère “gel” dans ses choix variétaux
Face au gel de février, les producteurs revoient leurs critères de choix des variétés. En effet, si dans le Conflent la prise en compte du gel fait partie de l’ADN de la production, cette notion commence à interpeller jusque dans les vergers de Salanque. Outre la date de production, le calibre ou encore le goût, notions privilégiées ces dernières années, “la date de floraison est remise au goût du jour” note Éric Hostalnou.

F.L.

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