Téléphone et Internet : ça déconn(ect)e toujours !
En février dernier, pour dénoncer l’abandon du monde rural, notre journal organisait une réunion à Corneilla de Conflent. Dans la semaine qui suivit, nous avons destiné l’exemplaire de L’Agri qui relatait cette rencontre au président de la République, aux ministres de son Gouvernement et, entre autres, à la présidente de la Région Occitanie (voir liste des personnes ayant répondu ci-dessous).
Six mois plus tard, force est de constater que rien et absolument rien n’a évolué du côté des communications comme en ce qui concerne l’offre de soins dans les communes isolées où Internet n’arrive pas, où le téléphone portable passe quand il y pense et où le médecin ne monte plus car c’est trop loin, car il n’a pas le temps, car les malades n’ont qu’à descendre se faire soigner en plaine ou à la maison de santé la plus proche. Le représentant de l’État nous a d’ailleurs précisé lors d’une réunion organisée à Prades en février que “le médecin isolé qui couvre des dizaines de kilomètres carrés, c’est terminé. Nous devons privilégier, notamment avec les maisons pluridisciplinaires de santé, la continuité des soins.” Il faudra tout de même que l’on nous explique un jour pourquoi nos médecins de campagne ont disparu de ces territoires où ils étaient historiquement implantés au même titre que l’instituteur, le boulanger, l’artisan et l’agriculteur ?
Mais revenons à nos problèmes de communication et à ces témoignages recueillis via les réseaux sociaux (évoqués ci-dessous) avec des coupures, des dérangements et des zones éternellement non couvertes qui accentuent l’isolement des populations. Car comment endiguer la déprise économique si l’on ne se dote pas d’outils indispensables au maintien et au développement de nos activités ?
Ce sentiment de ne pas être tout à fait au “monde”
Comment, à l’heure de la dématérialisation obligatoire, pouvons-nous travailler quand Internet ne passe plus et quand il faut monter à la cime du village pour obtenir une barre sur son téléphone ? Des situations qui suscitent des pertes de temps, des trajets inutiles, un manque de compétitivité évident, un frein à l’attractivité touristique, la désertification de nos communes rurales et, d’une certaine façon, ce sentiment de ne plus être tout à fait au monde. Un “monde” auquel les ruraux devraient pouvoir prétendre en 2022 comme nous le relations dans notre édition du
14 mars avec la décision prise par le Conseil Départemental des P.-O. de rendre la fibre accessible à 190 communes, moyennant 155 millions d’euros.
En attendant ? Et bien, concernant la téléphonie, les législateurs, donc nos parlementaires, pourraient peut-être faire preuve d’un peu plus de fermeté auprès des opérateurs bénéficiant de licences. Opérateurs qui, rappelons-le, se sont engagés en janvier dernier auprès du Gouvernement à améliorer la qualité des réseaux mobiles d’ici 2020. Le non-respect des délais et de la complétude pouvant entrainer des sanctions financières.
Parce que, dans ce pays, même au cœur de l’été, loin des piscines que l’on creuse, des barbouzes que l’on protège et de cette vaisselle qu’il faut remplacer, il y a encore beaucoup
de monde qui ne peut toujours pas téléphoner.