Parce que rien n’est jamais simple sem.51-2022 [par Yann Kerveno]

Enfer et bonnes intentions

En s’accordant pour interdire l’importation de certaines denrées à l’origine de la déforestation dans les pays du Sud, en particulier en Afrique Subsaharienne, en Amériques latine et du Sud ainsi qu’en Asie, l’Union européenne va probablement créer un nouveau “machin” inapplicable. Soyez attentifs deux secondes. L’idée, c’est d’éviter que les produits que nous consommons : café, cacao, bois d’œuvre, soja, huile de palme, provoquent la destruction de forêts dans les pays producteurs. L’idée est louable. Mais, parce qu’il y en a un, enfin, plusieurs “mais” soulevés par les chercheurs et le monde agricole en particulier. Le premier mais, c’est que tout cela va être difficile à contrôler sur place. Comment mettre en place un système qui garantisse que les productions concernées ne sont pas issues de parcelles défrichées depuis 2020 (date retenue comme point de départ). Le deuxième “mais”, c’est qu’en l’absence de systèmes de traçabilité (faute de moyens financiers), ce sont les plus petits producteurs qui vont pâtir de cette interdiction. Le troisième, c’est de voir s’amplifier le mouvement de détournement des expéditions des produits, c’est déjà le cas pour le bois d’œuvre (qui nous revient une fois transformé, d’où qu’il provienne), vers l’Asie et des pays où les normes sont les moins pointilleuses.

Soja, banques…

Le quatrième, c’est de venir freiner où annihiler les efforts de développements engagés par certains pays, comme pour le cacao en Afrique, produit devenu un levier important de développement économique… Et enfin, dernier “mais” ou presque en guise de cerise (sans dimétoate) sur le gâteau, les éleveurs européens n’auront plus accès au soja issu de déforestation mais, par contre, l’Europe aura tout loisir d’importer de la viande issue d’animaux, nourris sur place avec ces produits. Et l’on ne parle même pas de l’impact sur place, des problèmes liés à la définition des forêts concernées, de celles des dégâts qui sont prohibés ni des zones où la pression de défrichage est intense, comme dans le Cerrado brésilien où cette mesure ne s’appliquera pas puisqu’il n’y a pas de… forêts… Ou du fait que les banques échappent au contrôle et pourront continuer d’investir dans les entreprises à l’origine de la déforestation. Comment dit-on ? On n’a pas le cul sorti des ronces ?

À l’aide

En Espagne, les producteurs de tomates de plein champ réclament une dérogation pour pouvoir utiliser un insecticide, le dichlopoprène, interdit par l’Union européenne depuis 2009. Ce sont les syndicats d’agriculteurs qui réclament cette mesure pour sauver leur production qui accuse, cette année, 60 % de pertes à cause de la sécheresse et de la résistance des nématodes aux produits autorisés… La sole de tomates d’industrie est passée de 28 000 hectares à 17 000 hectares cette année…

Première

Plus loin de nous, aux Philippines, la première récolte commerciale de riz doré a été moissonnée. Et elle a donné 67 tonnes de grains. Pourquoi en parler ? Parce que le riz doré est un totem des associations anti-ogm qui ont tout fait pour empêcher la mise en culture de cette variété génétiquement modifiée, enrichie en bêtacarotène et qui a été développée pour lutter contre les carences en vitamines A.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *