Parce que rien n’est jamais simple (sem. 42-2023) [par Yann Kerveno]

Couac

On parle beaucoup de la baisse de consommation des produits bio, sous l’effet de ce que l’on appelle le trading down qui fait descendre les achats d’une ou plusieurs gammes en fonction du pouvoir d’achat. Mais dans le monde des œufs, la descente est plus brutale encore qui voit les consommateurs refluer vers les œufs de poules élevées en cage. En 2021, ils ne représentaient plus que 27 % de l’offre du rayon, quand les œufs bio avaient conquis 22 % du marché, les distributeurs s’étaient engagés à ne plus en proposer en rayon en 2025…

Deux ans plus tard, le bio a reculé à 17 % et le mode d’élevage, critère d’achat majeur pour 50 % des consommateurs en 2021, ne l’est plus que pour 43 % d’entre nous. L’occasion de regarder loin, là-bas, du côté de la Nouvelle-Zélande où les cages sont interdites depuis le premier janvier 2023. Au moment de l’entrée en vigueur de l’interdiction, seuls 86 % des élevages avaient été convertis aux nouvelles règles… Il en a résulté une pénurie et une panique des consommateurs, qui se sont rués pour acheter des poules au grand dam des associations de protection des animaux.

Plus près de nous, en Espagne, le prix des œufs flambe lui aussi, il a pris 30 % en 2022 malgré la suppression de la TVA pour six mois, reconduite depuis. Une augmentation qui, si elle n’a pas freiné la consommation, est portée par la cherté du prix de l’aliment et l’élimination progressive des cages.

Têtu

Non loin de là, en Australie, la start-up Stacked Farm envisage de construire une ferme verticale dans chacune des capitales des provinces du pays. La start-up est parvenue à levé 98 M $ australiens alors que l’objectif fixé était 10 fois moindre. L’annonce peut sembler étonnante quand jusqu’ici le secteur est loin d’avoir tenu les promesses annoncées. Pour autant, si les fermes verticales ont des atouts, elles utilisent moins d’eau, moins de surfaces, ont moins recours aux produits phytosanitaires, elles ont un talon d’Achille… L’énergie dont elles ont besoin qui plombe les coûts de production et envoie les précurseurs au tapis, parfois avec fracas comme en juin dernier la pépite américaine du secteur, AeroFarms, mise en faillite ou le Hollandais Infarm qui a licencié 500 personnes.

Bras baissés

Ils ont tenté mais ont perdu la partie. Les Australiens ont annoncé qu’ils abandonnaient la lutte qui visait à éradiquer le varroa, un parasite des abeilles. Dernier continent à rester à l’écart des dégâts du varroa, le pays a engagé 132 millions de dollars et fait détruire 30 000 ruches sans parvenir à ses fins. Les efforts se concentreront maintenant sur la gestion du parasite plutôt que sur une hypothétique éradication. Le plan initial pourrait avoir échoué en raison du non-respect des règles de déplacement des ruches. Cette nouvelle approche, destinée à contenir le varroa dans la petite zone qu’il a conquise au Nord de Sidney, s’appuie sur le contrôle des mouvements, une surveillance accrue et la destruction, obligatoire ou volontaire, des ruches.

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