Parce que rien n’est jamais simple #28 [par Yann Kerveno]

Climat

Si nous avons souffert de la sécheresse cette année dans la plaine du Roussillon et dans l’Aude, la situation est dramatique en Irak. Dans ce pays du Moyen-Orient, les surfaces cultivées ont été divisées par deux cette année à cause du manque d’eau. Ce sont donc seulement deux millions d’hectares qui ont pu être emblavés. Et les cultures en place ont beaucoup souffert, les rendements du blé sont en repli de 70 % dans le gouvernorat de Ninewa et de 50 % au Kurdistan.
Le pays aura donc un besoin accru des importations pour nourrir sa population. À l’autre bout du monde, la Californie a été frappée par une “rivière atmosphérique” qui a déversé des trombes d’eau et des monceaux de neige dans le Nord de l’État. La ville de Sacramento a même enregistré ses plus fortes précipitations, 138 mm, depuis le début des relevés en 1880 quelques jours après avoir battu un autre record, celui de la plus longue période sans pluie, 212 jours. La pluie aura en tout cas eu la bonne idée de noyer les feux encore actifs.

Fracture alimentaire

En France, une enquête menée par Ipsos à la fin du mois de septembre a confirmé ce que n’importe quel observateur un peu attentif avait pu conclure : il existe bien une fracture alimentaire dans notre pays. Ainsi, 76 % de nos compatriotes considèrent que nous ne sommes pas égaux devant l’assiette avec comme premier facteur le pouvoir d’achat (cité par 93 % des sondés), devant la transmission familiale et les habitudes alimentaires prises pendant l’enfance… Par ailleurs, c’est aussi significatif, 54 % des Français ne font pas attention au prix des aliments quand 46 % font leurs courses quotidiennes à 10 euros près… Il était donc intéressant, juste après avoir appris cette info, de mettre le nez dans le rapport du Haut-Commissariat au plan publié la semaine passée et intitulé “Consommation et pratiques alimentaires de demain : quelle incidence sur notre agriculture ?”
Rapport qui indique que l’agriculture biologique, dont la demande est loin d’être couverte par l’agriculture française, doit faire l’objet d’une attention particulière des pouvoirs publics (avec les fruits et légumes et les produits de la mer). On signalera au Commissariat au plan d’une part que certaines filières bio sont en pleine déconfiture, que la consommation de fruits et légumes en France est grandement handicapée par la perception que les Français ont de leur prix. Selon l’étude Ipsos, 55 % de nos compatriotes en mangeraient plus si leur budget alimentaire augmentait… Pour l’instant, les fruits et légumes représentent 23 % de notre panier alimentaire, juste derrière la viande. Bref, le poisson (bio ou pas) se mord la queue.

Un mauvais plan ?

Si la France est à l’heure pour rendre son plan national stratégique (PNS), la déclinaison française de la Politique agricole commune, ce n’est pas le cas d’autres pays de l’Union qui n’arrivent pas à boucler leurs arbitrages comme la Pologne, l’Allemagne, la Hongrie, le Portugal… Par contre, le PNS français a pris un tir sévère de la part du Conseil général de l’environnement et du développement durable. Qui juge sans détour que le plan ainsi fagoté ne permet pas d’atteindre les objectifs de la stratégie nationale bas carbone, ni celle du plan biodiversité, ni la directive-cadre sur l’eau. Fermez le ban !

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