Augmentation du prix du pain : le dilemme des artisans [par Thierry Masdéu]

Ces derniers mois, l’envolée des prix du carburant, de l’électricité et du gaz, affectent lourdement le poste énergie au sein des entreprises. Une situation qui génère une augmentation tarifaire des prestations et produits réalisés. Seule compensation possible pour les artisans, dont les boulangers pâtissiers, acculés par ces hausses continuelles du prix des matières premières.

Jusqu’à présent certains corps de métiers ont temporisé en rognant sur les marges pour éviter une répercussion directe sur les prix de ventes, mais la jauge comptable alerte et ce mois de novembre devrait être annonciateur de nouvelles hausses tarifaires impopulaires, comme celle de la baguette de pain. Véritable symbole du pouvoir d’achat des Français, cette augmentation pourrait même devenir, comme dans le passé, le point de cristallisation d’un mécontentement social. Le cours du blé ayant brutalement augmenté pour atteindre en septembre dernier + 30 %, les meuniers ont répercuté la hausse sur le prix de la farine. Résultat des courses, les compétitions tarifaires qui s’instaurent entre les minoteries déstabilisent les prix du marché et placent les artisans boulangers-pâtissiers dans un contexte économique défavorable.

Une situation pénalisante que dénonce Emmanuel Castro, dirigeant du “Fournil des Albères” à Laroque des Albères. “C’est une nouvelle bataille de prix que nous font subir les moulins et nous sommes confrontés à la concurrence des chaînes industrielles et de la grande distribution qui, avec leurs puissances d’achats, ont de meilleurs prix et peuvent encaisser cette hausse avec moins d’incidence que nous !” Un malaise qui s’ajoute déjà à une augmentation généralisée de toutes les matières premières comme le beurre, le lait, aussi indispensables que la farine. Viennoiseries, gâteaux, baguettes traditions, pains spéciaux, l’ensemble des produits n’échappera pas à la hausse des prix. “Nos coûts de production ne cessent d’augmenter, les matières premières, les salaires, les emballages, etc… Là, c’est violent ce que l’on endure et on ne peut plus absorber ces augmentations sans les répercuter sur nos prix de ventes !” alerte, exaspéré le gérant du “Fournil des Albères” qui table déjà sur une majoration de l’ordre de 5 centimes au moins pour la baguette.

Maintenir, quoi qu’il en coûte, la qualité, le service, les livraisons…

Un passage obligé qu’il justifie également par les dépenses en électricité pour les fours et en gasoil pour sa flotte de véhicules de livraison. “Les augmentations constantes des prix du carburant ne font qu’alourdir nos coûts de livraison et il est impensable de priver nos clients de nos tournées !” témoigne avec force Emmanuel Castro, tout comme de modifier ses horaires de production pour cuire exclusivement en heures creuses. “Au détriment de la qualité du produit et du service aux clients on ne peut pas se permettre de tout cuire en heures creuses ! Si vous cuisez toute la nuit, vous avez un pain froid durant toute la journée ! On ne peut pas jouer sur ce tableau pour faire des économies, et on étale justement nos cuissons pour que le pain soit chaud et que notre clientèle ait un produit de qualité optimum!”

Des hausses annoncées de quelques centimes, indispensables au maintien de leurs activités, que les artisans souhaitent voir accueillir avec compréhension par leurs clientèles, en espérant qu’elles leurs soient encore et toujours fidèles…

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