Parce que rien n’est jamais simple 2022 – #04 [par Yann Kerveno]

De l’environnement à la place de l’agriculture ?

Nos (ex-)amis les Anglais ont-ils la mémoire courte ? Leurs dirigeants oui, qui, s’ils ne partent pas en week-end à Ibiza, bambochent en douce au 10 Downing Street. Pourquoi ? Parce qu’ils ont l’intention de réformer complètement l’agriculture du pays en priorisant l’environnement à l’occasion de l’abandon de la Politique agricole commune… Pour faire simple (restez assis), l’ambition du gouvernement de Boris Johnson n’est ni plus ni moins que de reverdir le pays. Comment ? En consacrant 2,4 milliards de livres sterling (l’équivalant de ce que représentaient les versements de la PAC) par an à la nouvelle politique campée sur trois piliers : reconstitution des espaces naturels locaux, restauration du paysage et agriculture durable.

Plantez des arbres !

C’est une volte-face complète par rapport au schéma existant avec pour objectif de rendre 300 000 hectares du pays à la vie sauvage d’ici à 20 ans avec la plantation de millions d’arbres. Soit 3 000 kilomètres carrés (les Pyrénées-Orientales ont une superficie de 4 117 km2). Inutile de préciser que le monde agricole anglais est vent debout et dénonce les atteintes à la sécurité alimentaire du pays (visiblement, les leçons du Brexit et les frigos vides n’ont pas été retenues) et prédit que ce nouveau système va faire sortir de la production la plus grande partie des producteurs les plus modestes. Même les parlementaires anglais sont sceptiques. Et ce alors qu’on a appris, fin décembre, que l’accord de libre-échange conclu avec l’Australie allait coûter près de 100 millions de livres aux secteurs de l’agriculture, de la pêche et de la forêt anglais. Encore un peu de thé ?

Miroir, mon beau miroir

À l’autre bout de l’Europe, en Turquie, on ne s’embarrasse pas de préjugés, mais on le savait déjà. Parce qu’il n’y a pas d’alternative disponible selon lui, le gouvernement turc a autorisé l’emploi de produits phytosanitaires interdits en Europe : chloridazon, desmedipham, ethoprophos, linuron, plus le fameux dimetoate pour protéger les cerises… Ce qui renforce, selon Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, le besoin d’établir des mesures dites “miroir” pour empêcher les produits traités avec ces substances de pénétrer en Europe. Il faudra aussi garder un œil sur les coups de chaud qui affolent l’été de l’hémisphère Sud depuis la mi-janvier. Les 50° C ont été dépassés en Australie, l’Argentine a beaucoup souffert…

Soleil mon beau solaire…

Au point que notre confrère Hecto Hergo, éditorialiste de la rubrique rurale du grand quotidien argentin Clarin, estime les pertes à plusieurs milliards de dollars. Entre la sécheresse et le coup de chaud, elles atteindraient déjà plus de 5 milliards, relève le quotidien avant d’expliquer qu’il est encore difficile d’évaluer les pertes liées au coup de chaud malgré l’arrivée, depuis, de la pluie, entre 20 et 50 mm selon les zones…
En Australie, les agriculteurs commencent à protester contre les panneaux solaires en se demandant si les panneaux ne sont pas toxiques à cause du recours, lors de leur fabrication, à des métaux lourds comme le cadmium. Enfin, mieux vaut tard que jamais, le jambon Serrano sera bientôt protégé par une indication géographique (il était jusque-là spécialité traditionnelle garantie, STG) qui limitera son élaboration au territoire espagnol.

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