P.-O. : vers une Bérézina viticole ? [par Jean-Paul Pelras]

Bon, ce n’est pas tout, mais il faudrait peut-être, monsieur le préfet, mesdames et messieurs les parlementaires, mesdames et messieurs les responsables d’organismes syndicaux, institutionnels, professionnels ou consulaires, s’inquiéter de savoir quand est ce que l’oseille va tomber.
Oui, vous savez, ces indemnités pouvant compenser les pertes de fonds et de récolte consécutives à la sécheresse que subissent actuellement les départements de l’Aude et des Pyrénées-Orientales. Les P.-O. où, médiatisation oblige, tout le ban et l’arrière ban de ce que compte l’agriculture au plan local, régional et national est venu défiler, en trois mois et l’air compassé, au chevet des arbres desséchés, des souches anémiés et des productions dévastées par le manque d’eau. Un manque d’eau également imputable (rappelons-le à ceux qui vont s’empresser de l’oublier) aux restrictions imposées par les écolos aux gestionnaires des canaux.

Évidemment, la formulation peut paraître cash, brut de décoffrage, sans ambages ni fioritures, ni carénée ni empaquetée. Un peu comme cette colère qui sourd de nos campagnes où les agriculteurs se demandent si ceux qui ont fait le déplacement pour les soutenir, les aider, les réconforter, les accompagner… ne les ont pas, une fois encore, oubliés dans les volutes de l’été.

Producteur anecdotique

Quand, au-delà des méventes qui impactent le secteur fruitier avec, dans les rayons de la grande distribution, des opérateurs qui hésitent toujours entre marchandise française et camelote importée, c’est sur le terrain que le pire est en train d’arriver. Avec des récoltes perdues en arboriculture et des ceps qui sèchent sur pied en viticulture, les arbres crèvent, la vigne ne pousse pas et les grappes sont en train de couler. Les prévisions s’annoncent terribles et pourraient avoisiner, selon les secteurs, des pertes de 50 %. De 550 000 hectos en 2022 nous pourrions tomber à moins de 350 000 hectos en 2023 (contre 2 millions à l’aune des années 80…).

Relayé au rang de producteur anecdotique, notre département perdrait ainsi des parts de marché et n’intéresserait plus ceux qui, pour commercialiser des volumes conséquents, hésiteraient à se déplacer. Nous sommes, à ce titre, loin, bien loin de ces grands projets où, il y a seulement quelques années, il fallait optimiser l’irrigation du vignoble pour assurer quantité (un gros mot à ne pas trop prononcer) et qualité (un terme qui ne suffira bientôt plus à calmer l’appétit des banquiers).

Désormais, l’heure est donc à la circonspection, à la réflexion, à la génuflexion environnementale, à l’accommodement raisonnable. Rajoutez à cela quelques turbulences du côté des interprofessions où les cotisations volontaires obligatoires deviennent involontaires et péremptoires et vous obtenez une dégradation du contexte viticole qui pourrait précipiter le déclin local, prématuré et peut-être même total de l’activité.
Voilà, c’est dit. Pourquoi tourner autour du pot, autour de la treille, de la bouteille et du tonneau, de la cave et du chai, quand il suffit de 475 mots et de 3 057 caractères, espaces compris pour formuler le résumé des résumés.

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