Les visiteurs du soir [par Jean-Paul Pelras]
Ils sont aussi discrets que le renard rodant autour du poulailler, accèdent au château par une porte dérobée, appartiennent à ce cercle de privilégiés que le suzerain consulte car ils sont, soi-disant, qualifiés. Mais qui sont-ils ? Depuis De Gaulle avec Foccart, en passant par Pompidou avec Juillet, Giscard avec Chapot, Mitterrand avec De Grossouvre, Sarko avec Guaino et Attali avec presque tous, nous sommes en droit de penser qu’ils ont, tôt ou tard, su influencer la feuille de route du pouvoir.
Pour 2022 et les élections qui se profilent, le premier d’entre nous a, d’ores et déjà, choisi certains de ses consultants comme l’indiquait France info le 27 août dernier : “L’économiste Jean Pisani-Ferry, l’une des têtes pensantes du programme 2017, l’écologiste Daniel Cohn-Bendit ou encore l’ancien ministre Jean-Pierre Chevènement… Du social libéralisme, de l’écologie, du souverainisme de gauche. Une recette de « en même temps » dont Emmanuel Macron a le secret…”
Sur quels critères sont sélectionnés ces pygmalions censés manœuvrer dans l’ombre des puissants ? Et de quel droit, oui de quel droit, Cohn Bendit et Chevènement peuvent-ils encore s’occuper des affaires de la France ? Sont-ils désignés par un quelconque suffrage pour pouvoir avant, pendant et après les présidentielles donner un avis susceptible d’orienter le destin du pays ?
N’y a-t-il personne d’autre que Dany le rouge pour murmurer à l’oreille du président ?
À l’instar de Lucchini qui se transportait dans les couloirs de Bercy le soir venu pour lire quelques versets à celui qui allait prendre possession de l’Élysée, les candidats de “l’entre soi” ne manquent pas dès qu’il s’agit de suggérer, de chuchoter, d’intriguer… La satisfaction que peut procurer le sentiment d’avoir été écouté, ou celle de voir, un jour ou l’autre, ses veux exaucés suffit peut-être à récompenser les impétrants triés sur le volet. Mais tout de même, n’y a-t-il personne d’autre que Dany le rouge pour murmurer à l’oreille du président ? Ou bien faut-il considérer que le casting est totalement dépourvu de candidats compétents pour que nous en soyons réduits à tomber dans les eaux basses du tamis politicien.
Comment peut-on en effet, considérant le mépris et la condescendance avec lesquels le dernier quinquennat fut mené, ne pas s’interroger sur le choix de ces “appelés” ? Et comment ne pas entrevoir déjà ce que nous réservent (peut-être) les cinq prochaines années ?