Que s’est-il passé dans la nuit du 12 au 13 juin, rue de Varennes ?

Trois petits jours et puis s’en vont. C’est, comme promis et pas davantage, ce qu’aura duré le mouvement anti huile de palme lancé par la FNSEA et les JA la semaine dernière. Avec une levée des barrages de toute évidence consécutive à la rencontre qui s’est tenue, rue de Varennes, entre les responsables syndicaux et le ministre de l’Agriculture dans la nuit du 12 au 13 juin, pendant plus de trois heures. Tenus en haleine par le dénouement de cette action syndicale, les observateurs attendaient une explication. En guise de réponse et dans les jours qui suivirent ce huis clos oppressant, ils ont appris que des “avancées” avaient été obtenues et que des “engagements” avaient été pris. Nous vous remercions mesdames et messieurs, ce sera tout pour aujourd’hui.
A-t-il été question de biocarburants avec, en toile de fond, la pression exercée sur le gouvernement par les producteurs d’oléo-protéagineux et le groupe Avril, proche de la FNSEA, premier producteur européen de biodiesel ? Peut-être, avec la question du diester dont la production est estimée à 1,5 million de tonnes par an en France, soit plus de 10 % du biodiesel utilisé chaque année dans l’UE.

Biodiesel contre OGM
Un enjeu de taille si l’on s’en réfère à cette note publiée par Avril, la FOP et l’interprofession des huiles végétales en janvier dernier : “Alors que débutent les négociations entre la Commission européenne, le Parlement et le Conseil sur la directive énergies renouvelables pour la période 2020-2030, les acteurs de la filière attendent du gouvernement français qu’il pérennise l’utilisation des biocarburants coproducteurs de protéines végétales (biodiesel de colza, de tournesol) qui tiennent une place centrale dans l’alimentation des élevages de nos territoires. Cela passe notamment par le maintien d’un mandat d’incorporation de ces biocarburants coproducteurs de protéines végétales à 7 % minimum, comme le reconnaissent le Parlement européen et le Conseil. Cela suppose également que les efforts de la filière française ne soient pas réduits à néant par des importations de biodiesel de soja argentin ou de biodiesel d’huile de palme indonésien qui conduiraient au recul de la production française et à la nécessité d’importer des tourteaux OGM…” De quoi fournir quelques éléments de réflexion à ceux qui se demandent encore pourquoi le tandem FNSEA-JA a organisé au pied levé une riposte aux importations d’huile de palme consenties par M. Hulot au groupe Total…

Nouveaux biocarburants autorisés avec avantage fiscal…
Et puis il y a ce passage d’un courrier adressé le 13 juin par Stéphane Travert à Christiane Lambert : “Le gouvernement vient par ailleurs d’autoriser l’utilisation du B 1O et du B 1OO, deux carburants qui permettront de développer de nouveaux débouchés pour le biodiesel d’origine agricole…” Nous commençons à comprendre d’autant mieux que Sébastien Lecornu, secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique, a confirmé l’autorisation en France de ce nouveau carburant diesel avec 10 % d’incorporation de biodiesel, contre 7 % au maximum actuellement… Une décision antérieure aux blocages puisque publiée au Journal officiel le 8 juin. Le B 100 biodiesel pur sans pétrole, bénéficierait de surcroit d’un avantage fiscal octroyé pour 5 ans au lieu de 3 ans…
En revanche et concernant la réforme à venir du CICE et les dispositifs d’allégement de charges (TO-DE) la réponse du ministre Travert à Christiane Lambert est très claire. “J’ai entendu votre demande sur ce point, mais la contrainte budgétaire ne me permet pas d’y réserver une suite favorable”. Il s’agit bien sûr de l’allègement des charges sur les travailleurs occasionnels (voir page 4) qui concerne principalement les productions fruitières et légumières. Pas forcément une priorité, du côté du ministère.

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