Manif agricole : Beau match, mais les joueurs n’ont pas été reçus à l’Élysée !

“1086 tracteurs comptabilisées dans la capitale, un chiffre important pour une très grosse mobilisation” déclarait le ministre de l’Agriculture hier au sénat avant de twitter, quelques heures plus tard, “Je reçois en ce moment les représentants FNSEA et JA. J’entends la colère des agriculteurs et partage une partie de leurs revendications. L’agribashing doit cesser !” Sur ce point, reconnaissons d’emblée que le ministre ne se mouille pas trop. Reste à savoir comment la FNSEA et les JA vont transformer l’essai dans la seconde mi-temps d’un match qui leur est pour l’instant favorable avec une mobilisation nationale réussie et un bon ciblage des revendications. Avec, au chapitre des résultats escomptés, une convention devant être signée entre le ministère de l’Intérieur, la gendarmerie et le syndicalisme pour lutter contre les actions de vandalismes sur les exploitations. Concernant les zones de non traitement nous retiendrons l’optimisme de Christiane Lambert, sachant qu’un arrêté, calé sur les recommandations de l’ANSES serait en cours de rédaction. Demeure la question du glyphosate et son interdiction franco-française programmée pour 2021. Sans oublier, bien sûr, les accords de libre-échange et les effets de la loi Egalim pour l’instant totalement inexistants.

Le temps passe, les fêtes approchent, d’autres conflits sont annoncés…
D’ailleurs, comment pourrait-il en être autrement sans la mise en place de dispositifs coercitifs à l’encontre d’une grande distribution qui jugule l’inflation et dicte leurs feuilles de route aux gouvernements successifs depuis des décennies ? Peut-être tout simplement, et chacun le savait avant que ne débute cette grande farce en 2017, la loi de l’offre et de la demande, celle qui régit le commerce depuis la nuit des temps, est totalement imperméable aux discours politiques. Seul le pouvoir d’achat des consommateurs peut l’influencer.
Résultat des courses : une mobilisation qui a tenu ses promesses, Macron demandé qui ne s’est pas montré, Didier Guillaume et une secrétaire générale adjointe qui reçoivent les syndicalistes. Et une rencontre prévue mardi avec le premier ministre.
En résumé, le match n’est pas perdu mais il est loin d’être gagné. Tout simplement car le temps passe, les fêtes approchent, d’autres conflits sont annoncés. Pour les agriculteurs, s’il faut à nouveau sortir, la difficulté résidera dans le renouvellement de l’exploit. Sachant que, de toute évidence, sur ce coup-là, au chapitre des priorités, rien n’est prévu pour que les joueurs soient reçus en grande pompe à l’Élysée !

Jean-Paul Pelras

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