Lettre à Léonore Moncond’huy, qui veut gérer les rêves d’enfants (Par Jean-Paul Pelras)
Derrière chaque nouveau maire écologiste sommeille, de toute évidence, une petite punition. De celles qui sévissent au plus près de nos rêves, de nos libertés, de nos traditions. Tel ce maire de Lyon qui trouve le Tour de France machiste et polluant. Ou cet autre de Bordeaux qui refuse le sapin de Noël pour décorer sa ville. Et voilà, madame, que vous venez à votre tour de cocher l’une de ces cases, car probablement indispensable au bon établissement de votre notoriété. Quand, après avoir supprimé la subvention accordée jusqu’ici aux deux aéro-clubs de Poitiers, ville dont vous êtes le premier édile, vous avez justifié cette décision en déclarant : « L’aérien, c’est triste, mais ne doit plus faire partie des rêves d’enfants, aujourd’hui »
En employant seulement 70 petites lettres, vous avez, d’une certaine façon, brisé les ailes des aventuriers de l’aviation. Ceux qui comme Saint Exupéry, Mermoz, Guynemer, Montgolfier, Jacqueline Auriol ou Maryse Bastié ont, justement, permis aux cocottes en papier d’aller tutoyer ce ciel où plus rien ne semble pouvoir entraver nos libertés.
Pour avoir, dans une autre vie, piloté quelques « ultras légers motorisés » aussi rudimentaires que ceux usités par Satanas et Diabolo, je garde de ces envolées célestes quelques souvenirs inoubliables. Tel ce soir d’été où, dans la chaleur sirupeuse, moteur coupé je vous rassure, je survolais entre Collioure et Canigou la proue des Pyrénées. Ce jour-là, madame, je réalisais ce rêve dont vous voulez priver les enfants désormais.
Qui êtes-vous, Léonore Moncond’huy, pour débiter pareilles inepties au nom de cette écologie qui impose, ordonne, contraint, prive, condamne, interdit ? Ne sommes-nous point assez soumis physiquement sans qu’il faille en prime supporter vos entraves à l’évasion, vos dogmes, vos asservissements ? Quelle nouvelle lubie allez-vous encore imaginer avec vos semblables pour nous clouer au sol, nous empêcher de rouler, de marcher, de naviguer, de nager, de respirer ? Vous êtes en train de remettre en cause tout ce que l’humanité a imaginé pour s’émanciper en vous imposant un peu partout sur le territoire car vous profitez du vide abyssal laissé par la politique des idées.
Equipée de 31 printemps, vous semblez déjà regretter l’été où s’expriment les ambitions, où il faut laisser aux rêves le temps de connaître la réalité, fut-elle différente de celle que beaucoup ont imaginée. « Voglio vivere una favola » écrit la romancière Annie Ernaux dans « Se perdre ». « Je voudrais vivre un conte » clament aujourd’hui des millions de personnes qui étouffent, car une minorité veut imposer sa contrition à une majorité.
Jacques Brel, qui aimait lui aussi voler, disait « On ne réussit que ses rêves ». La vie, je l’espère pour vous madame, vous apprendra peut-être qu’il ne s’était pas trompé.
Jean-Paul Pelras