Lettre à ceux qui défendent les rats et détestent les chats [par Jean-Paul Pelras]

Ils n’aiment pas les sapins de Noël, préfèrent ne pas saler les routes, comme à Lyon récemment où de nombreux embouteillages et carambolages furent à déplorer, ne veulent plus du Tour de France, préconisent le retour des couches lavables, s’opposent aux énergies fossiles et nucléaires quitte à détruire notre économie, prônent le véganisme, le wokisme et l’écoféminisme, quitte à déconstruire notre modus vivendi. Et puis voilà que, ne sachant probablement plus sur qui jeter leur dévolu, ils ont décrété que nos chats allaient devenir “persona non grata”.
Souvenons-nous à ce propos de l’amendement déposé en 2020 par le député franco-cubain écologiste François-Michel Lambert, passé depuis sous pavillon macroniste. Celui qui s’était illustré pour avoir brandi un joint à l’Assemblée nationale en faveur de la légalisation du cannabis et à qui nous devons la suppression de la vaisselle jetable avait donc déclaré : “Le chat est un animal prédateur qui participe largement à la diminution significative de certaines espèces animales, parfois protégées, sur le territoire français”, avant de proposer de “faire figurer le félin parmi les espèces d’animaux susceptibles d’être classées nuisibles […] et ordonner, le cas échéant, des battues administratives”. Fort heureusement, l’amendement fut classé irrecevable.

Il n’empêche qu’une certaine tendance à vouloir éradiquer le matou fait son chemin. Un récent article publié dans Le Point intitulé “Comment rendre son chat plus écolo” revient sur une étude publiée voici quelques années par la revue New scientist. Laquelle nous apprenait que l’empreinte carbone de l’animal préféré des Français serait comparable à celle d’une Volkswagen Golf. Lambert en avait à l’époque rajouté une couche en déclarant qu’il fallait 7 000 à 8 000 vaches pour nourrir 500 000 chats. Et ainsi de suite avec, entre autres “fléaux pour l’humanité” les 615 000 tonnes de litières rejetant 500 000 tonnes de CO2 chaque année.

Et pourtant, lorsque je me rends dans mon garage en rase campagne où j’étais, jusqu’ici, obligé d’utiliser des appâts empoisonnés pour neutraliser l’invasion des rongeurs, je constate depuis l’arrivée de mes chats la dispersion totale de rats, de souris, de musaraignes et autres bestioles à l’origine des infestations saisonnières. Rappelons qu’outre-Manche, l’élimination des chats avait entrainé le retour de la peste dans les années 1 500. En l’an 300, le pape avait interdit la présence des chats, jetés ensuite sur un bûcher à l’occasion des fêtes de la Saint Jean. Et ce, au moins jusqu’en 1 600 quand la papauté réautorisa les chrétiens à posséder des chats, puis quand Louis XIV interdit définitivement, en 1648, ces pratiques barbares. Résultat des courses, le chat reprit le dessus sur les rongeurs qui détruisaient les récoltes et ravageaient les greniers, occasionnant disettes et maladies.

Mais revenons à nos temps modernes où, du côté de Lutèce, 4 millions de rats, des égouts aux mansardes, s’en donnent à cœur joie. Des rats qu’il faut désormais appeler “surmulots”, ainsi “moins connotés négativement” selon la conseillère municipale coprésidente du parti animaliste Douchka Markovic. Une élue qui propose : “Nous devons changer de paradigme, nous devons nous interroger sur des nouvelles méthodes efficaces et non létales, nous devons nous interroger sur les surmulots et leur manière de vivre, mieux les connaître afin de trouver des méthodes efficaces et éthiques”.

Nous savions l’agriculture conventionnelle, le transport, l’électricité, notre alimentation, notre habitat, nos traditions, menacés par les lubies et les lobbys écolos, voilà que nous allons devoir chouchouter les rats et traquer les chats. Ou comment, car elle n’ose plus contester fermement certains idéaux, notre société est en train de perdre dangereusement ses quatre points cardinaux.

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