Changement climatique : Oracle a parlé [par Yann Kerveno]

Le rapport de l’observatoire régional sur l’agriculture et le changement climatique délivre de précieuses données en cette fin d’année. Il fait vraiment plus chaud depuis soixante ans mais il ne pleut pas moins.

On parle souvent changement climatique mais en s’appuyant sur des impressions, faute de collecter nous-même des données consolidées. Qui d’entre nous réalise ainsi des relevés de températures trois fois par jour pour estimer s’il a fait plus chaud, ou non, durant l’été. Nous avons plutôt spontanément tendance à faire confiance au thermomètre pourtant fantaisiste de nos voitures… L’étude régionale Oracle a le mérite de proposer une approche rationnelle et chiffrée du phénomène qui nous occupe. Qu’y apprend-on ? Que ça se réchauffe. On est à + 0,30° C par décennie pour Perpignan et Carcassonne, soit pour la période prise en compte + 1,78° C en 60 ans.
Avec une tendance plus marquée en été. On est ainsi passé de 74,6 jours estivaux (température de plus de 25 °C en moyenne) entre 1961 et 1990 à 92,6 jours en moyenne entre 1990 et 2019 à Carcassonne et de 93,5 à 109 jours estivaux à Perpignan. Ce qui donne, pour Perpignan et Carcassonne, une estimation de 36 jours de plus en 60 ans… Qui s’accompagnent d’une progression des jours à plus de 30° C, délétère pour le végétal.

Pluie

Par contre, du côté des cumuls de pluie, aucune tendance ne se dégage pour les soixante dernières années, ni à la hausse, ni à la baisse, alors que la variabilité interannuelle peut-être très importante, plus de 500 mm à Carcassonne. Si l’on regarde plus finement, saison par saison, il n’apparaît pas non plus de tendances franches pour nos territoires, même si une légère diminution des cumuls semble à l’œuvre pour l’hiver.

Par contre, les tendances sont nettement à l’augmentation pour l’évapotranspiration dans nos deux départements. Pour autant, les conséquences de ces changements sur les rendements sont visibles, tendanciellement, depuis les années quatre-vingt. Ainsi, en Occitanie, les rendements en blé tendre ont progressé jusqu’en 1998 où ils atteignaient 55 q/ha pour passer sous la barre des 23 q en 2019. Par contre, l’effet sur le blé dur est nul puisque les rendements ont progressé de 2,6 q par décennie et une moyenne de 41,2 q dans l’Aude sur les 32 dernières années.

Vigne

Quand on regarde du côté de la vigne, dans l’Aude et les Pyrénées-Orientales, au cours des deux premières décennies du siècle, deux constats s’imposent. D’un côté les rendements des vins sans indication géographique ont fortement progressé en tendance (+ 26 hectos en 20 ans dans l’Aude, avec le développement de l’irrigation en particulier) quand les rendements des AOP reculent lentement mais très sûrement : – 6,09 hl/ha dans l’Aude et – 5,04 hl/ha dans les Pyrénées-Orientales, département qui se distingue également des autres en étant le seul à voir les rendements des vins sans indications d’origine reculer… Quant à la maturité, du moins la date de franchissement des 14°, elle a gagné environ une semaine sur les grenaches noirs à Collioure mais n’a pas évolué à Tautavel ou Bages au cours des vingt dernières années.

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