Indemnisations sécheresse : l’argent, c’est pour quand ? [par Jean-Paul Pelras]

C’est une question de plus en plus répandue dans nos campagnes, alors que les abricots tombent, que les calibres n’en finissent plus de diminuer en pêche et nectarine, que les arbres crèvent sur pied et que la vendange, dans certains secteurs, s’annonce plus incertaine que jamais : que deviennent les promesses du ministre de l’Agriculture concernant le soutien de l’État aux producteurs impactés par la sécheresse ?

“Pour ce qui est du volet assurance, nous avons décidé de ne pas prendre en compte les interdictions administratives, qui limitent les indemnisations, et l’État abondera donc toute sa part sur les pertes de récolte et fera en sorte que le système d’indemnisation soit accéléré, parce que la situation des Pyrénées-Orientales est exceptionnelle. Mais il faudra aussi que les assurances prennent leur part. Pour les pertes de fonds, les arbres, comme cela risque d’arriver, c’est plus compliqué, il y a un travail à mener” déclarait Marc Fesneau (Agri 3768), le 6 mai dernier lors de sa visite dans les Pyrénées-Orientales.
Alors qu’en est-il, un mois après, du côté de l’État, mais aussi du côté des assureurs privés, concernant cette “accélération du système d’indemnisation” et ce “travail à mener”, alors que bon nombre de producteurs commencent à se demander comment ils vont pouvoir faire face aux échéances qui approchent dans les circonvolutions aléatoires de l’été.

De visites officielles en venues protocolaires…

Des producteurs qui ont manqué d’eau pour faire venir leurs récoltes, tout simplement car la gestion des barrages fut désastreuse, car les puits étaient à sec ou car les irrigants n’ont pas pu utiliser les canaux, consécutivement aux restrictions décidées par l’État dans le cadre des débits réservés (sous l’impulsion des écologistes, rappelons-le). Et rappelons également que, si le barrage de Vinça est à nouveau rempli, il n’en est pas de même pour les trésoreries, que ce soit dans la vallée du Tech comme dans celle de la Têt ou de l’Agly, particulièrement impactée par le manque de pluie. D’où l’inquiétude de certains arboriculteurs, maraichers ou viticulteurs rompus aux annonces ministérielles qui se diluent dans la poussière des lendemains une fois les berlines officielles reparties.

Certains, ici et ailleurs, se souviennent, encore et entre autres, de ce “milliard” promis par Jean Castex consécutivement au gel d’avril 2021. Combien d’atermoiements, de conditions d’éligibilité, de sommes redécoupées en confettis administratifs avant de pouvoir, à l’arrivée et quand ils le pouvaient, prétendre à quelques indemnités ? Oui, combien de dossiers cumulés au fil des années qui participent au découragement des paysans ? Lesquels, au bout du compte et alors que pour ces secteurs-là, ils ne perçoivent aucune prime à produire, ont l’impression de réclamer la mendicité.
De visites officielles en venues protocolaires, de réunions préfectorales en mobilisations parlementaires, de soutiens syndicaux en réconforts consulaires, tout ce que l’agriculture française compte comme relais nationaux s’est récemment transporté dans les P.-O. Espérons que les sommes investies dans ces déplacements ne seront pas inversement proportionnelles à celles consenties pour soutenir les agriculteurs de ce département.

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