Les vœux du président de l’Agri [par Manu Ruperez]

Chères lectrices et chers lecteurs,
l’année qui se profile sera pour nos entreprises, une fois encore et peut être plus que jamais, synonyme de challenge dans notre course à la compétitivité et aux obligations de résultats qui nous sont imposés. La hausse, tout autant vertigineuse qu’inadmissible, du prix des matières premières menace nos devenirs, impacte nos trésoreries, nous oblige à nous adapter dans des proportions parfois inédites. L’agriculture comme l’artisanat doivent à la fois maîtriser leurs coûts de production et se maintenir sur un marché de plus en plus concurrentiel malmené par le dumping social, fiscal et environnemental des importations. De la loi Egalim 2 qui impose au secteur de l’élevage, à partir du 1er janvier, une contractualisation obligatoire jugée comme étant une entrave à la liberté de commercer, au dogme de plus en plus prégnant exercé sur nos professions par les lobbies écologistes, il ne se passe plus une semaine sans que l’étau ne se resserre autour du monde agricole français.

Nos productions méditerranéennes sont, à ce titre, très éprouvées par des lois inadaptables et inadaptées, allant des contraintes imposées sur les emballages aux distances de non traitement ou la Loi sur l’eau de plus en plus coercitive, en passant par une surveillance systématique de nos pratiques culturales, cautionnée par les pouvoirs publics. Les résultats du recensement agricole, récemment évoqués dans nos colonnes par nos journalistes et notre rédacteur en chef, témoignent de cette érosion qui, au fil des ans, grignote inexorablement la paysannerie française, désormais réduite à sa portion congrue avec 390 000 exploitations encore en activité contre 663 000 voilà 20 ans.
Cette dégradation et les chiffres qui l’accompagnent démontrent très clairement les limites d’une politique qui n’a pas su considérer l’enjeu qualitatif et quantitatif de notre agriculture. Car, au lieu de céder aux sirènes des ONG environnementalistes, il fallait certainement investir dans la confiance et dans le développement de nos entreprises agricoles. Il fallait le faire dans des proportions qui relèvent de l’ambition et non du saupoudrage ou du rafistolage, comme ce fut le cas notamment en viticulture avec le dossier gel. Combien d’entreprises dans ce secteur, comme dans le secteur arboricole ou maraicher, subiront pendant des années les stigmates d’une intempérie supplémentaire, insuffisamment prise en compte par les pouvoirs publics. Des pouvoirs publics qui préfèrent inaugurer un train chargé de marchandises importées plutôt que de soutenir une agriculture méditerranéenne française laminée depuis des décennies par le jeu des compétitions déloyales.

L’unité syndicale du monde agricole à faire valoir l’importance de nos productions et notre autonomie alimentaire à l’heure où nous dégringolons dangereusement sur la balance du commerce extérieur, va conditionner le devenir de nos activités. Les candidats aux futures élections présidentielles et législatives doivent être plus que jamais sensibilisés par les acteurs de notre ruralité au danger que constituent la déprise agricole, la désertification de nos campagnes et la disparition de nos métiers. Des métiers qui ne peuvent être idéalisés et exercés en dilettante, car ils nécessitent des connaissances, une expertise, des pratiques transmises au sein de nos territoires depuis plusieurs générations.

Voilà pourquoi je souhaite, pour 2022, à nos artisans, à nos paysans, à tous ceux qui font vivre nos campagnes, à toutes celles et ceux qui lisent et soutiennent le journal L’Agri, santé, bonheur, force, réussite et détermination !

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