Les petits soins du canal de Bohère [par Yann Kerveno]

C’est l’ouvrage qui a souffert le plus de dégâts lors du passage de Gloria. Mais l’eau coule de nouveau de Serdinya à Marquixanes.

C’est le plus long canal du département, 45 kilomètres, avec ses canaux dérivés dits Des Grecs ou de Llonat, qui a payé le plus lourd tribut à Gloria au début de l’année. Éboulements, glissements de terrain, maçonneries endommagées, canal carrément emporté par les mouvements de falaises, tunnels abîmés… La liste des dommages aurait fait rêver Prévert et la facture atteint 2 M € sur les 5 M € de dégâts aux canaux survenus dans tout le département. Les dégâts étaient tels que peu étaient ceux qui auraient parié, quelques jours après Gloria, sur une remise en eau avant l’été.
Et pourtant c’est ce qui s’est passé, grâce au concours des entreprises intervenues sur les différents chantiers comme le précisait Bernard Lambert, adjoint à la mairie de Prades chargé de l’urbanisme et délégué au syndicat intercommunal du canal de Bohère, lors d’une visite organisée sur site la semaine passée. “C’est un aménagement vital pour notre territoire” ajoutait-il, “nous l’avons d’ailleurs classé « d’intérêt communautaire » en 2018”. Prenant sa source à Serdinya, il parcourt huit communes et permet l’irrigation de 25 % des surfaces irrigables du territoire de l’intercommunalité (420 hectares dont 300 en arboriculture et 1 120 en prairie sur 1 600) tout en alimentant les canaux de son aval et les jardins particuliers…

Stigmates
Pour que le canal puisse donc être remis en eau avant l’été et permettre l’irrigation, il a fallu la mobilisation de tous les acteurs rappelaient Bernard Lambert et Claude Jourda, élu de la Chambre d’agriculture en charge précisément du dossier de l’eau. Jusqu’à Jean Castex l’encore maire de Prades, pour faire porter en particulier la contribution de l’Agence de l’eau à 40 % au lieu des 30 habituellement consentis, comme cela fut le cas dans l’Aude en 2018. Sur certaines portions, le canal a été busé et enterré pour le protéger des atteintes futures de la nature, sur d’autres, il fut consolidé. Mais si l’eau coule, les travaux ne vont pas s’arrêter, on n’efface pas ainsi les stigmates de Gloria.
Cette visite sur le terrain était aussi l’occasion pour Claude Jourda, d’inviter les associations autorisées (ASA) du Conflent, à s’unir en une seule association pour être mieux représentées “comme cela a été fait dans les trois vallées du département en aval”. Le Conflent compte en tout 89 canaux. Et de réclamer, encore une fois, que la Caisse des dépôts et consignation puisse financer les ASA, ce qu’elle n’a pas le droit de faire. “Les associations pourraient bénéficier alors de prêts sur 30 ans au lieu de 12 ou 15 comme dans les banques actuellement.”

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