Les deux pieds sur terre de Jean Palau [par Yann Kerveno]

Depuis The Voice, Jean Palau concilie la vie d’artiste et celle de fromager à la ferme du Rialet qu’il tient avec son mari, Denis, depuis une quinzaine d’années. Le grand écart est solide mais, comme dit l’adage, rien n’est impossible aux cœurs vaillants.

Il y a un truc étrange dans le champ qui jouxte la ferme du Rialet en cette fin mai, un taureau gascon se promène nonchalamment au milieu des Montbéliardes… “On a toujours eu un taureau pour servir les vaches, mais celui que nous avions, un Montbéliard, a fini par vriller, il a fallu l’euthanasier. Dans notre idée, il fallait que nous puissions nous passer de l’insémination, pas parce que nous sommes contre le principe, mais parce que l’inséminateur du secteur est parti à la retraite… Là nous avons donc le taureau d’un copain que nous gardons pour l’été mais, pour le renouvellement, on a maintenant recours à l’insémination pour assurer la descendance des vaches qui ont de bons résultats techniques. Celles-là ne vont pas au taureau. Mais nous avons un problème avec Denis quand il s’agit d’envoyer les bêtes à l’abattoir. C’est pour cela que nous ne faisons pas de viande, les veaux mâles sont confiés à un autre éleveur. D’ailleurs nous gardons les vieilles vaches pour la ferme pédagogique” explique Jean Palau.

Le coup du sort

La trentaine de Montbéliardes n’est pas pour autant là pour faire de la figuration. Conduit par Denis, le troupeau produit du lait intégralement transformé en produits laitiers et fromage dans l’atelier que dirige Jean. Tous les produits sont ensuite vendus en direct dans la boutique aux particuliers. “C’est un projet de vie que nous avions tous les deux de reprendre une ferme ensemble. Cela fait quinze ans que nous avons repris la ferme du Rialet et l’avons développée, notamment la ferme pédagogique. Denis voulait être enseignant à la base, c’est un moyen de concilier un peu les deux !” Et puis il y a eu ce coup du sort, cette farce presque, lorsque le neveu de Jean Palau l’a inscrit, à son insu, au casting de The Voice… Avec succès puisque celui qui était musicien avant de devenir agriculteur est sélectionné pour une saison dans l’équipe de Nolwenn Leroy en 2022. Un temps de grand écart à nul autre pareil… “C’est vrai, quand j’arrivais pour les tournages, j’avais bossé quinze heures par jour la semaine précédente pour partir en ayant tout fait et avec le voyage, j’étais en décalage avec les autres… Mais on m’a aussi dit, et nous en sommes fiers, que notre couple est un des rares que The Voice n’a pas fait exploser en vol” confie-t-il.

Le secret ? Déléguer

Passé le temps de plateaux télé et des montées à Paris pour les tournages, Jean Palau a dû inventer une vie nouvelle, entre la gestion de la ferme et de la fromagerie qu’il exploite et la chanson, redevenue partie de son métier. “J’ai appris à déléguer, j’ai proposé à mon équipe de prendre des responsabilités de façon à ce que la fromagerie tourne même lorsque je ne suis pas là. Il a fallu un an pour tout mettre au point, mais maintenant nous y sommes arrivés et j’ai de la chance d’avoir trouvé les bonnes personnes” explique-t-il. Il y a eu la tournée The Voice, puis la signature d’un contrat chez Universal. “J’ai commencé à travailler sur le disque avec une première équipe. Ça avançait mais on m’a souvent fait remarquer que je parlais trop d’agriculture et que cela n’allait pas intéresser. Mais en fait, moi je parle de ce que je vis, je ne suis pas autre chose” explique-t-il. Une équipe plus tard, l’album est en bonne voie et doit sortir à l’automne. Cela va-t-il changer la donne ? “Peut-être, c’est difficile à dire” commente-t-il. Il n’en fait pas une obsession en tout cas.

Projets en pagaille

“Cette année, je fais des concerts avec Sonia Quesada qui est de Perpignan et était à The Voice également. On a fait le choix de rester dans le département et dans l’Aude pour ne pas aller trop loin et nous avons réussi à accumuler 37 dates pour la saison, dans les communes ou les campings. Maintenant, si le disque marche, ce sera peut-être différent, avec moins de concerts mais des premières parties, donc un peu plus de prestige” avance-t-il. En attendant, le travail de la ferme n’attend pas, lui. Et les projets fourmillent. “Nous voulons améliorer l’accueil du public sur l’exploitation, nous avons pour projet de construire un hangar à fourrage aussi pour arrêter de stocker le foin sous les bâches et peut-être aussi de construire une bergerie et chèvrerie.” En fredonnant peut-être ce vieux tube de Claude François qui sied si bien à cette histoire, “si j’avais un marteau” ?

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