Le roi est mort, vive le roi ! [par Liliane Doger-Ledieu]

Le quotidien l’Humanité titre le 20 septembre 2023 : “Charles III à Versailles : Macron crache sur la République.” Non que je ne sois pas en phase avec cette affirmation mais je la trouve assez succulente de leur part après la si chaleureuse fête de l’Humanité du 17 septembre 2023 où Fabien Roussel avait invité Édouard Philippe. (Georges Marchais a dû se retourner dans sa tombe.) Voilà qu’un trouble-fête a bondi sur la scène, s’emparant du micro de l’ancien Premier ministre, l’accusant, au travers dudit micro, d’avoir sévi pendant le mouvement des Gilets jaunes et d’avoir fait couler le sang. “Il n’a rien à faire ici, c’est un éborgneur.” Le jeune dissident n’a pas pu en dire davantage, viré manu militari par le service d’ordre. Non mais !

À part ça, à la Une des journaux subventionnés, “Macron affiche son style monarchique.” Et chacun y va de son détail “qui tue” en passant par “les tenues bleu nuit assorties à Versailles” de ces dames. Vuitton pour Brigitte, Dior pour Camilla.
En effet, Macron invite et festoie dans le temple de la monarchie absolue pendant que le quotidien des Français, de plus en plus nombreux et notamment des étudiants, consiste à faire la queue devant les portes des associations d’aide alimentaire. Nous sommes au comble du mépris et de l’arrogance !
Depuis quand la République est-elle une monarchie ? (Monarchie, soit dit en passant, abolie un 21 septembre, un jour d’intervalle avec les festivités macroniennes, comme un fait exprès). Qu’espère-t-il notre roitelet ? Se refaire une légitimité en se servant de la popularité (complètement en décalage d’ailleurs avec la réalité) de Charles III ?

Où vont mes impôts ?

Et dans l’histoire, moi, ce qui m’intéresse, entre autres, c’est où vont mes impôts ? À savoir, un menu avec des mets dont on a dû se creuser la cervelle pour trouver ce qu’il avait de plus cher et des bouteilles de vin d’une valeur à quatre chiffres. Tout ça servi à plus de 150 clampins qui auraient eu chacun largement les moyens de payer leur part. Je ne sais pas, on aurait pu, par exemple, redistribuer la somme aux Restos du Cœur… Ça n’aurait pas fait ombrage à la publicité de “Saint homme” que Bernard Arnault s’est faite avec ses 10 millions si généreusement octroyés à l’association. Je ne me prive pas, même si cette action peut paraître louable, de remettre l’église au milieu du village : 10 briques pour un Bernard Arnault, c’est quelques centimes pour un Français moyen.

Quant aux autres invités (oui, B. Arnault en faisait partie), seuls seraient dignes d’intérêt ceux qui auraient refusé de se rendre à cette scandaleuse ripaille. Les Carole Bouquet, Charlotte Gainsbourg, Mike Jagger et consorts, pourtant tous dépendants de la fréquentation des salles de cinéma et de spectacle, sans aucun respect ni reconnaissance pour leur public, ont minaudé, se sont pavanés, et ont fait la courbette alors que Sa Majesté passait nonchalamment dans la haie d’honneur, accompagné de Charles III comme au bon temps du Roi Soleil. Complètement hors sol ! Ahurissant !
Comme l’a dit François Rabelais dans un autre contexte : “Le temps mûrit toutes choses.” À Louis XVI, on a coupé la tête. Il paraît que l’histoire se répète.