Le jour où Hugo Clément n’a pas répondu (Par Jean-Paul Pelras)

Tout commence par une correspondance intitulée : « Lettre à Hugo Clément, journaliste, qui devrait s’installer comme agriculteur pour lutter contre les rats taupiers ! » postée le 24 février sur le site du journal L’Agri et consultée plus de 100 000 fois en quelques heures sur les réseaux sociaux.

S’en suit, dans la foulée, une « invitation » à venir échanger sur le terrain  : « Je propose à Hugo Clément une rencontre pour parler agriculture et écologie. Pas à Lutèce avec des artistes de variété sur un plateau TV ou une radio. Ici, sur l’Aubrac, dans un champ avec des paysans, dans une salle des fêtes de village où dans un bistrot ! Qui est pour ? »

Le faire-part est posté sur le compte Twitter de l’intéressé et sur ses récentes publications (souvent à charge contre l’élevage et l’agriculture). Son nom est « tagué » afin qu’il puisse être informé de la démarche. En moins d’une journée, environ 700 000 personnes, toutes publications confondues, Twitter, site internet du journal, Facebook … se manifestent pour soutenir, commenter ou partager la demande.

Assez étrangement, les responsables agricoles, pour la plupart présents au Salon de l’Agriculture, se font très discrets, ne supportant peut-être pas qu’une telle initiative puisse susciter un quelconque intérêt si elle n’est pas de leur fait.  En revanche, certains journalistes sont à l’approche, observent, guettent l’opportunité au cas où celui qui circule d’une émission à l’autre sur les chaînes du service public, viendrait à accepter le challenge.

Quand on est courtois on ne fait pas attendre son hôte !

Dimanche soir après avoir tagué, donc informé de ma démarche, les présidentes de France TV et Radio France, je clos le chapitre. Un délai de 48 h pour répondre, avec les moyens de communication dont nous disposons aujourd’hui, étant, à mon sens, largement suffisant. Quand on est courtois on ne fait pas attendre son hôte ! Evidemment, pour analyser ce mutisme, nous pouvons imaginer que le plateau de l’Aubrac ou tout autre territoire agricole et rural peut sembler inadapté à ce genre d’entretien quand on est habitué au calibrage des studios parisiens climatisés, sécurisés, insonorisés et où le débat est calibré, orienté, maîtrisé.

Pourtant, quand on est capable d’évoquer et de stigmatiser à tout bout de champ les pratiques agricoles il faut, à minima, accepter de se transporter sur le terrain, d’arpenter quelques champs, de s’asseoir autour d’une table, de partager un repas, de discuter, d’entendre ce que les paysans ont à dire et d’en tirer les enseignements.

Hugo Clément n’a pas répondu. Sans connaître de l’outil ni l’usage, ni le prix, il se permettra de juger encore longtemps l’agriculture, sans contradictions, bien à l’abri derrière ses certitudes, protégé par la complaisance et le prisme des médias. Même si, à bien y regarder, nous sommes désormais de plus en plus nombreux à pouvoir nous exprimer ailleurs que devant leurs micros et leurs caméras.

Jean-Paul Pelras

Rédacteur en chef du journal L’Agri

2 réflexions sur “Le jour où Hugo Clément n’a pas répondu (Par Jean-Paul Pelras)

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