Le BIB n’a pas fini de surprendre [par Yann Kerveno]

À l’heure où la bouteille en verre pèse lourd dans le bilan carbone, le BIB continue de se développer techniquement. Le point avec Patrick Vuchot, directeur scientifique de Smurfit Kappa Bag-in-Box.

En quelques années, le Bag in Box, plus connu sous l’acronyme BIB, s’est taillé une place de choix sur le marché du vin. Jusqu’à représenter pas loin de la moitié des volumes commercialisés en GMS… Et commence de se défaire, peu à peu, de l’image qui lui colle au polyéthylène de n’embarquer que des vins d’entrée de gamme, du mauvais jaja quoi. Aux États-Unis, Delicato a signé un des plus grands succès de ces vingt dernières années en lançant sa gamme BotaBox par exemple et le Bib gagne aujourd’hui largement le milieu de gamme, embarquant des vins vendus au-delà de 15 dollars et jusqu’à 30 dollars.
“Le Bib a un bilan carbone très favorable par rapport au verre, parce qu’il est plus léger, c’est le carton qui confère la rigidité à l’ensemble. C’est au bas mot 80 % d’émissions en moins” explique Patrick Vuchot. S’il lui reste des marchés à conquérir, la technologie a encore des marges de manœuvre importantes, en particulier sur le plan de la durabilité. “La recherche et le développement se poursuivent en effet sur plusieurs thèmes qui ont un dénominateur commun, la sobriété et la durabilité. Nous cherchons à réduire, en travaillant sur les matériaux, l’épaisseur du film de la poche qui contient le vin et sommes poussés par la réglementation sur les questions de recyclabilité”. Plusieurs pistes sont explorées pour faire en sorte que les matériaux puissent être réutilisés avec une compatibilité avec les produits alimentaires à l’infini par recyclage chimique, ce qui n’est pas le cas, par exemple, des poches brillantes en PET métallisé.

Trier correctement

Comme souvent, le diable se niche aussi dans les détails, Smurfit Kappa a développé un robinet (Vitop Uno), conforme à la future directive européenne sur les plastiques à usage unique et dont la languette d’inviolabilité, celle qu’il faut jusqu’à maintenant détacher et jeter pour pouvoir servir le premier verre, fait partie intégrante du robinet.
Il faudra aussi toutefois que les consommateurs évoluent de leur côté pour que le Bib soit parfaitement recyclable. “Si l’on prend le Bib en entier, dans son carton et qu’on le jette ainsi, il est recyclable à 75 %, par contre, si vous, comme il doit être fait, séparez le carton et la poche pour les mettre dans la poubelle jaune, les deux éléments seront triés au recyclage, alors ont atteint un taux de recyclabilité de 95 % !” La marge de progrès est importante, “peut-être faudra-t-il ainsi mieux communiquer sur cette procédure directement sur l’emballage ?” se demande Patrick Vuchot.

Mais pour tirer pleinement parti des qualités du Bib, et peut-être dans l’avenir embarquer des grands vins, les procédures d’embouteillage doivent aussi être précises. “Tout se joue sur la quantité d’air embarquée dans la poche au moment du remplissage qui, au contraire des bouteilles, peut varier. Les opérateurs ont pris conscience de ce paramètre, les progrès sont énormes depuis une quinzaine d’années mais il n’est pas encore l’objet de contrôles précis, il faudrait qu’ils mettent en place des mesures en continu et pas seulement une ou deux fois par an sur leurs lignes d’embouteillage.”

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