L’appel du 6 avril : ils ont dit ! [par Yann Kerveno]

François Calvet, sénateur des Pyrénées-Orientales.
François Calvet

“Il faut changer les règles de gestion des barrages”.

Robert Escande, président de l’ASA de Villeneuve de la Raho

“Le préfet doit accorder des dérogations pour des forages temporaires supplémentaires.”

Marc Marty, s’adressant à Nicolas Garcia, vice-président du Département 

“Le jour de la manifestation au barrage de Vinça, pensez à emmener les clés. Vous nous les donnerez et nous nous occuperons de la gestion des vannes”.

Jean-Louis Cazaubon, vice-président de la Région.

Jean-Louis Cazaubon “Face à cette crise et au reste, je me fais des soucis pour la souveraineté alimentaire de notre région. Parce que c’est aussi compliqué dans d’autres secteurs, dans l’Aude ou pour le système Neste que je connais bien dont les réserves ne sont pleines qu’à 70 %. Et qu’on ne vienne pas nous rabâcher qu’il faut changer de modèle, une plante, en bio ou pas, a toujours besoin d’eau pour pousser. Aujourd’hui, il faut faire des réserves là où on peut en faire parce que si certains assènent que ce n’est pas une bonne idée, les retenues d’hier ont prouvé que ça pouvait être une bonne chose. Et il faut regarder toutes les autres solutions, la réutilisation, la recharge de nappe… Cela fait des années qu’on ne fait plus rien, Sivens a tout tétanisé.”

Nicolas Garcia, vice-président du Département, président du syndicat des nappes.

Nicolas Garcia “Il n’y a pas d’opposition entre le Département et l’agriculture des Pyrénées-Orientales. Nous sommes dans une situation dramatique avec un niveau de sécheresse jamais connu depuis le début des mesures, en 1959, le niveau des nappes n’a jamais été aussi bas que depuis quarante ans. Nous sommes confrontés à deux questions… La première, c’est comment passer cet été ? Tout ce qui est fait aujourd’hui, ces heures-ci, c’est pour répondre à cette question. La deuxième, c’est qu’est-ce qu’on en retient pour l’avenir ?

C’est comme pour l’énergie, on ne s’en sortira que par un mix de plusieurs solutions, mais qui financera ? Et il faut regarder toutes les ressources. Récupérer l’eau qui tombe. Les économies sur les réseaux, la réutilisation. L’été dernier, 60 % du débit du Tech pendant la période de crise provenait des stations d’épuration, les ressources des karsts, dans les Aspres et les Corbières. Et il faut rappeler que si le Département gère en effet les barrages, c’est bien le préfet qui nous impose les débits en sortie.”

David Massot, FDSEA 66, président de l’ASA de Thuir.

David Massot “Nous avons diminué nos prélèvements par deux en dix ans. L’État nous a aidés à bétonner les canaux pour faire des économies et cela a contribué à assécher les nappes. Et depuis, on nous demande de faire couler de l’eau lorsque l’agriculture n’a pas besoin d’eau, pour la recharge des nappes, mais c’est nous qui payons les taxes pour la faire circuler. Et la situation aujourd’hui ? 9 millions de mètres cubes à Villeneuve-la-Raho qui peut en contenir 17 ; 3,5 millions de mètres cubes aux Bouillouses au lieu de 17 ; Vinça, même pas à moitié plein ; le barrage de l’Agly vide… Et à côté, il y a 12 ans que nous travaillons le dossier des stockages des Aspres et rien n’a été fait pour augmenter les ressources… Alors nous sommes en train de quantifier le préjudice que l’État devra compenser…”

Fabienne Bonet, présidente de la Chambre d’agriculture.

Fabienne Bonet “Nous avons été sacrifiés pour le risque incendie. Alors maintenant, je crois qu’il faut nous aussi aller au contentieux. La Chambre d’agriculture, bien sûr, mais aussi tous les agriculteurs du département qui le peuvent, au motif que nous avons le droit d’exercer notre activité.
La préoccupation aujourd’hui, c’est d’obtenir qu’il y ait moins d’eau pour les poissons et plus pour les vergers et le maraîchage parce qu’il ne faut pas que nous perdions le capital et il est hors de question qu’on ne nous paye pas ces dégâts-là, parce que dans le nouveau dispositif d’assurance climat, il y a, pour certaines polices, des clauses d’exclusion lorsqu’un arrêté préfectoral est pris. Nous faisons chiffrer les dégâts et il faut que le gouvernement débloque une enveloppe exceptionnelle pour les P.-O. Nous attendons aussi que le ministre se déplace chez nous.”

Robert Massuet, président de l’UPA.

Robert Massuet “Les problèmes que rencontre l’agriculture auront des répercussions sur tous les secteurs, en particulier l’artisanat. C’est l’effet papillon, c’est toute l’économie du département qui s’effondrera et il ne restera plus que des non-productifs.”

Jean-Paul Pelras, rédacteur en chef de l’Agri.

Jean-Paul Pelras “Le monde agricole est méprisé, humilié, stigmatisé, désigné, ostracisé, systématiquement accusé. Mais il est aussi, et nous le voyons avec l’affaire de l’irrigation et des débits réservés, contraint et empêché. Alors, il faut répondre. (…) Avec la pression et l’action syndicale, cela va de soi, mais également en utilisant tous les leviers juridiques dont vous pouvez disposer. (…)
C’est sur ce terrain-là, celui dont ils abusent et qu’ils affectionnent tant, que vous devez vous transporter sans délai. Ils vous empêchent de travailler, portez plainte. Ils vous empêchent d’investir, portez plainte. Ils vous empêchent de vous défendre, portez plainte. Ils vous empêchent de gagner votre vie, portez plainte. Ils vous insultent, portez plainte. Ils se bouchent le nez, portez plainte. Ils sont à l’origine de vos dépôts de bilan, portez plainte. (…) Ils vous empêchent d’arroser et de protéger vos cultures, portez plainte. (…) Car imaginons que cette situation perdure. Imaginons que, parce que vous n’avez plus assez d’eau pour irriguer à cause des débits réservés réclamés par les écologistes, vous perdiez en quelques jours vos récoltes de pêches ou d’abricots. Idem en maraîchage, toutes productions confondues. (…) Il faut appeler un chat un chat, qui peut accepter la faillite, sans émotion, sans colère, sans détresse, sans indignation ?”

Baptiste Cribeillet, Jeunes Agriculteurs.

Baptiste Cribellet“La biodiversité créée par les canaux et l’eau qui y circule a-t-elle moins de valeur que celle des rivières principales ? (…) C’est très difficile aujourd’hui de s’installer avec cette incertitude qui plane sur l’eau, qu’on ne puisse pas savoir si on en aura ou pas… Et changer de modèles ? Mais un verger, c’est un investissement de 25 ou 30 ans. Qui remboursera nos crédits ? Et pour faire quoi à la place ? Qu’est ce que les écolos nous proposent ?”

Alain Cambres.

Alain Cambres “Nos prédécesseurs nous ont laissé un réseau d’irrigation et de stockage exceptionnel. En revanche, la gestion actuelle laisse à désirer et ne répond pas aux impératifs, tous secteurs d’activité confondus. Ensuite, il faut arrêter de nous promener, qu’on nous dise les choses, même quand elles ne vont pas.”

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