Lettre du préfet des P.-O. en réponse à la lettre ouverte de Jean-Paul Pelras sur la gestion de l’eau

Monsieur,
J’ai pris connaissance de votre lettre du 24 mars dernier sur la gestion de l’eau dans le département et de votre invitation à une table ronde le 6 avril prochain. Malheureusement, retenu par une réunion de travail en dehors du département prévue antérieurement, je ne pourrai pas y participer. Néanmoins, je suis particulièrement mobilisé sur ce sujet essentiel sur lequel il me semble important de distinguer deux dimensions.

D’une part, la question du débit minimum biologique laissé dans la Têt qui a fait l’objet d’un contentieux devant le tribunal administratif. Comme vous le savez, le juge administratif a décidé de modifier les dispositions de l’arrêté préfectoral en vigueur jusqu’alors et de fixer un débit supérieur. L’État a décidé de faire appel de cette décision mais cet appel n’étant pas suspensif, c’est bien ce cadre qui s’appliquera pour la saison 2023, dans le respect de l’État de droit auquel nous sommes tous attachés. Je précise toutefois que le code de l’environnement prévoit des possibilités de dérogations en cas d’étiage exceptionnel ; c’est dans ce cadre que je viens de prendre une dérogation destinée à permettre, dans un contexte marqué par des niveaux très bas constatés au niveau des barrages, le stockage d’eau en vue de la sécurisation des usages prioritaires de l’eau pour les prochaines semaines.

D’autre part, la situation objective de la sécheresse historique que la question du débit de la Têt ne doit pas occulter. Avec un déficit inédit de précipitations de – 50 % depuis septembre 2022, un déficit de l’humidité des sols compris entre 60 % et 90 % pour tous les secteurs, un déficit de la recharge des nappes phréatiques dont la capacité de renouvellement est compromise, des débits inférieurs aux valeurs habituelles sur tous les cours d’eau, un enneigement déficitaire et des barrages dont le remplissage d’ici cet été est fortement compromis, les conditions de sécheresse concernent tout le territoire et tous les usages de l’eau.

En cela, cette situation dépasse largement la seule question des débits réservés et nécessite la mobilisation de tous car elle fait courir des risques importants : accès à l’eau potable, incendie, accès à l’eau pour l’agriculture et les activités économiques, impacts sur le milieu et sur la qualité des eaux, tensions sociales…
C’est pourquoi j’ai engagé un travail avec l’ensemble des usagers de l’eau pour trouver rapidement des solutions de sécurisation des approvisionnements, engager des économies d’eau, mais aussi avancer sur des actions de moyen terme et de planification. J’ai ainsi demandé à l’ensemble des acteurs publics et économiques d’élaborer des plans de réductions volontaires de consommation d’eau d’ici la fin du mois d’avril dans une logique de solidarité avec le monde agricole qui met en œuvre des efforts importants et qui est particulièrement impacté par les restrictions d’accès à l’eau.

je suis, avec les services de l’État, entièrement mobilisé sur ce sujet essentiel pour protéger les populations, sécuriser les usages prioritaires de l’eau et accompagner les activités agricoles et économiques dans un contexte particulièrement difficile.
Je vous prie de croire, Monsieur, en l’assurance de ma considération distinguée.

Le préfet, Rodrigue Furcy

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *